Les nouveaux monstres

Événement / L'association Dolce Cinema milite, avec ses premières Rencontres du Cinéma Italien, pour la reconnaissance d'une nouvelle vague cinématographique italienne très éloignée de ses récentes images d'Épinal tristement Berlusconiennes. FC


Le cinéma italien contemporain possède un regrettable point commun avec son homologue français : la dépendance financière d'une grande partie de la production nationale vis-à-vis de la télévision. Si les deux systèmes ne sont pas à 100% comparables (loin s'en faut), quelques fâcheuses incidences similaires demeurent. Un formatage aliénant des films, un lissage des discours, l'abandon de projets trop “subversifs“ ou “politiques“, et une prédominance écrasante de la comédie inoffensive, ou populaire dans le sens le plus racoleur du terme. Tant et si bien que les grands auteurs révélés au début des années 90 se sont vus obligés de se rabattre sur le médium télévisuel, abattant les commandes en attendant des jours meilleurs (rien que pour citer notre chouchou maison, Michel Soavi, 12 années séparent son sublime Dellamorte Dellamore du grand Arrivederci Amore Ciao, sorti cet été dans l'indifférence totale). Cet état de fait dramatique, la jeune association Dolce Cinema entend bien heureusement le relativiser. En montrant aux grenoblois des films inédits (ou exclus des grands circuits de distribution), regroupés sous la bannière salvatrice de la critique sociale et politique de l'Italie contemporaine. La nouvelle critique socialeAnimée d'une volonté dépassant ses faibles moyens, l'association met sur pied un grand festival. Douze films projetés, répartis dans cinq salles de l'agglo, des débats autour des films, des réalisateurs invités pour les soirées d'ouverture et de clôture au Cinéma Le Club (respectivement Giovanni La Pàrola pour la très surprenante comédie E se domani, et Paolo Vari pour l'inégal mais attachant Fame Chimica), pléthore de séances pédagogiques réservés aux scolaires… Le projet est ambitieux et hautement respectable. D'autant que l'argument cinématographique tient grandement la route. Pour les cinéphiles étourdis, les Rencontres prévoient des séances de rattrapage des excellents Buongiorno Notte de Marco Bellochio et J'aime Travailler de Francesca Comencini (réalisatrice qui compte un second film en sélection, Carlo Giuliani, ragazzo, un témoignage très équivoque sur le militant tué pendant les manifs anti-G8 en juillet 2001, à Gênes), ou les plus dispensables Les clés de la maison et Une fois que tu es né de Marco Tullio Giordana (de ce dernier réalisateur, privilégiez plutôt I Cento Passi) et enfin le savoureux Dopo Mezzanotte de Davide Ferrario. Une sélection qui a le grand mérite de faire oublier bon nombre de préjugés sur un cinéma ne demandant qu'à renaître de ses cendres. Les rencontres du cinéma italienDu 7 au 21 novembre, lieux diversDétail de la programmation en pages agenda


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