...Car l'enfer est ici...


Théâtre / Dernière création en date de la compagnie théâtrale Müh, Carré Fumeur évolue dans le lieu éponyme d'un hôpital anonyme. S'y retrouvent Max, cinquantenaire coriace à l'humeur taciturne souffrant d'amnésie, Norbert, champion d'aviron pas très futé, et la volubile Marie, séductrice affectueuse à la fausse légèreté. Rapidement rejoints par deux personnages interlopes, Paco et Samira, qui vont progressivement faire évoluer le ton badin des premiers échanges vers une ambiguïté trouble dans laquelle les zones d'ombres de chacun vont brutalement remonter à la surface... Difficile d'évoquer cette courte pièce sans mettre plus en avant la personnalité de son auteur, Jean Miez, ancien du milieu reconverti en scénariste pour le théâtre et le cinéma après de longs, très longs séjours en prison (18 ans). Difficile parce que la personnalité de ce dernier resurgit en permanence, au travers du personnage de Max, bien évidemment, mais surtout de dialogues crus et cinglants au possible qui donnent tout son piquant à la pièce. Ce qui en fait à la fois son intérêt et ses limites, ce côté « bigger than life » conférant à cette dernière une allure profondément bancale, proche du plus magnifique des films noirs dans ses meilleurs moments, mais également de la pire des séries policières - bas de gamme et pleine de clichés - dans les pires d'entre eux. Un équilibre incertain, que vont bien heureusement faire pencher du bon côté la qualité de l'interprétation (excellente, tout simplement) mais également de la mise en scène, dont l'élégance épurée rajoute encore à l'efficacité provoquée par la brièveté de la pièce.DGCarré Fumeur jusqu'au 20 octobre, à la Salle Noire (anciens locaux du CDNA)


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Géométrie Variable