Rock sans bulles

Musique / Pas de changement fracassant pour cette douzième édition du festival Rocktambule, qui, cette année encore, alterne têtes d'affiches reconnues et groupes en devenir. Damien Grimbert


Au risque de passer une fois de plus pour les aigris de service jamais contents, force est de reconnaître qu'on ne se sent pas forcément d'affinités démesurées avec la programmation de cette nouvelle édition. Rien de dramatique non plus, on vous rassure, cette dernière est suffisamment conséquente et variée pour satisfaire un large public, qui ne manquera pas d'affluer en masse aux différentes dates proposées pour revoir une énième fois son groupe fétiche, ou applaudir sans réserve les nombreuses formations locales ayant répondu à l'appel. Manque juste la petite étincelle, excitante et inédite, nécessaire à l'embrasement sans appel de notre enthousiasme d'amateurs (élitistes, sans doute, mais néanmoins sincères) de musiques novatrices et non formatées. Quelques griefs qui ne nous empêcheront pas pour autant d'ovationner sans détour la pièce Hamlet, Thème et variations à l'Hexagone (détaillée en une de la semaine dernière), mais également quelques dates a priori prometteuses.

Autant en emporte le son

À commencer par les trois grosses soirées programmées au Summum : si la chanson rock des Têtes Raides, Barbarins Fourchus, et autres Debout sur le Zinc n'est décidément pas notre créneau, on jettera en revanche un œil curieux au retour de Katerine (3 mois après son plébiscite au Cabaret Frappé), aux volutes vaporeuses d'Archive (10 ans déjà depuis leur premier album, mine de rien…) et au free jazz sauvage et électronique d'Elvire. Quant à la soirée dub, elle nous laissera définitivement partagés. On a beau apprécier le talent de Sayag Jazz Machine, ils ont déjà beaucoup, beaucoup, tourné dans les environs. On a beau avoir trouvé plutôt prometteur les débuts de Zenzile et de Dub Incorporation, leurs derniers opus (électro un peu assoupie pour les premiers, reggae français “gnagnagna“ pour les seconds) nous ont quelque peu laissé de marbre. On a beau énormément respecter la carrière dantesque du producteur anglais Mad Professor, ses prestations scéniques sont loin d'avoir bonne presse. Restent cependant la venue en live du duo anglais Iration Steppas (après leur remarqué passage en sound-system à l'ADAEP en janvier dernier), et surtout l'électro ethnique indienne du talentueux londonien Shri, dont on a toujours du mal à comprendre la relégation en interplateau. Mais passons… Hormis ces trois soirées, la venue franchement dispensable des Wampas à l'Heure Bleue, et la prestation des très bons Kabu Ki Buddah en première partie des pénibles Freedom For King Kong à la Faïencerie, c'est encore le Principe de l'Incertitude (versant off du festival) qui réservera les meilleures surprises, avec la projection au cinéma Le Club du documentaire Super 8 Stories sur la tournée dans les pays de l'Est du No Smoking Orchestra d'Emir Kusturica, et deux séries de concerts rock prometteurs à EVE, réunissant respectivement Rodeo Massacre et Elektrocution, et Asyl et I love UFO.

Rocktambule jusqu'au 21 octobre, lieux divers


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