«De l'alpin à l'humain, du local à l'universel»

entretien / le Musée Dauphinois va avoir 100 ans et trois expositions fêteront l'évènement. de l'histoire du Musée, au monde des êtres fantastiques, jusqu'à l'histoire de la liberté en Dauphiné : un parcours étonnant des croyances aux valeurs. Rencontre passionnante avec le Conservateur du lieu, Jean-Claude Duclos. Propos recueillis par Séverine Delrieu


Le Musée va avoir cent ans, quel sens cela a pour vous ?Jean-Claude Duclos : Quand on travaille dans un Musée où après cent ans on avance avec la même philosophie, le même esprit et que les objectifs que s'était donné le fondateur, Hippolyte Müller son restés les mêmes, on se dit que cela vaut la peine d'être dit : c'est une belle histoire. Un siècle après, ses missions restent valides par rapport à la société dans laquelle il se trouve et aux besoins que sa société exprime.Pourquoi l'exposition sur les êtres fantastiques ?Si au départ la collecte d'objets fut importante et Müller l'a faite au moment où il fallait le faire, on s'est rendu compte donc, qu'on avait fait le plein. C'est plutôt des idées qu'on met en exposition plus que des objets aujourd'hui. Au plus on progressait, au plus le patrimoine immatériel occupait de place. Donc on a voulu faire le point sur ce patrimoine immatériel : qu'est-ce que c'est, qu'est-ce que cela représente et surtout quelle stratégie muséographique il faut mettre en œuvre pour le mettre en valeur.Concrètement, cela se traduira comment ?Dans le titre de l'exposition Êtres fantastiques, il y a un sous-titre qui pour nous a son importance : de l'imaginaire alpin à l'imaginaire humain. Cela résume la démarche du musée qui essaie de mettre en évidence les spécificités des modes de vie de cette région pour essayer de mieux comprendre comment l'humain fonctionne. De l'alpin à l'humain, du local à l'universel, c'est ce chemin que le musée propose. Cette exposition est donc un exemple de ce que le musée doit pouvoir proposer. On voulait aussi donner une expression à un conservateur de ce musée de 1967 à 1982, Charles Joisten, qui dans le milieu des spécialistes du patrimoine narratif est une référence majeure. Nous sommes partis de ses recherches pour évoquer les êtres fantastiques : des hommes et femmes sauvages, des vouivres, fées, lutins, de dragons autant d'inventions de l'homme qui ont comme objectif de s'expliquer le monde. On présentera à la fin de l'expo un témoignage éthnographique magnifique qui est celui d'une jeune femme qui raconte comment elle entretient une relation avec des lutins qui lui expliquent comment la nature souffre. Son témoignage traduit les craintes que chacun de nous a vis à vis de ce milieu dans lequel on est de moins en moins à l'aise. En décembre, Restez libre ! est une exploration de l'histoire locale et de la notion de liberté.


<< article précédent
«Un public, cela se façonne»