La revanche du tango


Le super-carton international du premier album de Gotan Project, La Revancha del Tango, qui réussissait l'hybridation entre l'éternelle “djeunesse” de l'électro et la tradition latino du tango, aurait pu être pour le groupe l'occasion de capitaliser vite fait bien fait en enregistrant dans la foulée une sorte de copier/coller — on en connaît qui ne se privent pas de le faire ! Mais il faut croire que certains artistes ont plus de scrupules et d'éthique que d'autres : pendant ses cinq années de silence discographique — mais à peu près autant à écumer les scènes du monde entier, les Parisiens de Gotan project ont changé leur fusil d'épaule, ou du moins affiné leur approche musicale. Finis les remixes des classiques du tango ; avec Lunatico, le groupe offre à l'auditeur des compositions maisons et ne pioche dans l'histoire du genre que de larges et très louables inspirations. Qui plus est, le travail synthétique laisse place à d'authentiques instruments et, bien sûr, à ceux qui les interprètent, recrutés comme il se doit sur la terre native de la Milonga : l'Argentine. Aujourd'hui, Gotan project ne cherche plus seulement à placer ses tubes sur les playlists des meilleurs Dj's latinos et à mettre en scène des spectacles visuellement novateurs où le public est littéralement aspiré par un jeu de projections vidéo évoquant les lieux mythiques du tango… Les voix sont plus pures, la mélancolie réelle, les hybridations audacieuses (des rappeurs argentins de Koxmoz aux guitares texanes de Calexico), les citations plus directes (ils font revenir le fantôme de Carlos Gardel en samplant sa voix dans un morceau qui évoque la passion qu'il entretenait envers son cheval nommé… Lunatico !), le groove mieux assuré. Leur concert au Summum devrait donc lever les dernières réticences : si le tango est à la mode, Gotan Project, à l'inverse, semble dorénavant décidé à la fuir…Christophe ChabertGotan Projectle 16 décembre, au Summum


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