Points à la ligne

Ils nous avaient bluffé avec leur “Plan B” (présenté en 2004 à l'Hexagone). Phil Soltanoff et Aurélien Bory sont de retour cette saison au sein de leur Compagnie 111 avec Plus ou Moins L'infini, un spectacle tout aussi captivant dans sa trituration des formes. FC


Forcément, après la claque que nous avait filée leur Plan B (on avait presque envie de se rallier aux cris des enfants, ordinairement honnis), on s'était juré de suivre de près toutes les futures créations artistiques de la Compagnie 111. Ou même de l'un ou l'autre de ses protagonistes, comme la très pertinente chorégraphie Érection, réalisée par Aurélien Bory pour Pierre Rigal (qui devait normalement être visible en septembre dans l'agglo, au sein de la programmation du festival La Ruée vers l'Art – voir en page 5). D'où l'impatience de voir où mèneraient les extravagantes propositions de la troupe : grâce leur soit rendue, les artistes tiennent leurs promesses avec panache, dans une veine moins immédiatement ludique que Plan B, mais avec ce savoir-faire incroyable, et cette science de l'exploitation de la moindre parcelle de décor pour stimuler l'imagination et servir leur délectable logique. Même en sondant des pistes artistiques plus réfléchies, voire intuitives, la troupe trouve le moyen d'hypnotiser le public par son talent.Odyssée de l'espèceAprès le plan incliné de Plan B, la Compagnie 111 investit cette fois-ci une surface plane, striée de fentes d'où émergeront et disparaîtront à volonté les interprètes et autres accessoires. Le tout surplombé d'un gigantesque écran vidéo, utilisé à la fois pour mettre les formes et les corps en audacieuse abîme, mais aussi pour procurer de nombreux instants de pur bonheur scénique, tels ces duos éclairés alternativement pour donner l'illusion du mouvement. Les comédiens demeurent une nouvelle fois mutiques, chairs à canon d'une machine dont il faut sauter en marche pour espérer obtenir un semblant de liberté. Une fois le troublant jeu de lumière introductif passé, les interprètes s'emparent des barres d'apparence métallique qui menaient la danse pour se plier à leurs lois avant de se les approprier. Un ballet se déparant de sa déshumanisation au fil de passages successifs, n'oubliant pas de succomber à une drôlerie irrésistible et invariablement appropriée. Le plaisir de spectateur reprend ses droits et entraîne de gré dans les explorations parfois insondables des comédiens (tous partie prenante dans le processus de création). Plus ou moins l'infini s'achève sur une piste de lecture attendue et bien peu condamnable, mais le chemin parcouru jusqu'à ce message pas vraiment définitif justifie amplement son évidence, un rien trop lisible. Plus ou moins l'infiniMise en scène de Phil Soltanoff / Compagnie 111du 18 au 21 octobre, à la MC2


<< article précédent
Thèmes et variations