Tubes underground


Musique / Songwriter génial en vacances de son groupe à grosses guitares, Troy von Balthazar viendra illuminer le chapiteau du Cabaret Frappé vendredi 21 juillet, aux côtés du non moins talentueux Merz. Concert de l'année ? "Classiques immédiats". Voici comment sont désignés dans la bio de Troy von Balthazar les morceaux de son premier album solo. Manque de bol, ce sont exactement les mots qui nous sont venus à l'esprit à l'écoute du disque et, trop fiers pour risquer de passer pour de vulgaires plagiaires de dossier de presse, nous voilà privés de nos meilleures cartouches pour honorer ces somptueuses miniatures folk. Enfin folk, c'est un bien grand mot, tous les qualificatifs semblant glisser sur la musique insulaire du leader de Chokebore. Rock, pop, lo-fi, les chansons de l'Hawaiien, dans leur nudité désarmante (le plus souvent une guitare, un clavier chétif et une rythmique en carton), possèdent l'évidence des grands standards. Suites d'accords lumineuses pour mélodies qui touchent au cœur et donnent l'impression d'avoir toujours été là, enfouies au plus profond de nous, n'attendant que la voix vibrante de TvB pour les ramener à la lumière. Les subtiles volutes féminines (deux duos parfaits) pourraient évoquer certains élans en mineur de Blonde Redhead ; la grâce désespérée des harmonies vocales, réveiller le fantôme d'Elliott Smith, mais la plupart du temps, la musique de Troy von Balthazar ressemble bel et bien à un îlot coupé du monde. Un coin perdu habité par un homme seul réfugié dans son home studio. Et qui semble s'y plaire, tant le disque enregistré avec quatre bouts de ficelle transpire un plaisir infini du jeu, inventant une forme de minimalisme luxuriant sans jamais sombrer dans l'austérité. C'est beau, limpide, addictif et, paraît-il, totalement renversant sur scène. Emmanuel Alarco


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L'homme démo