Qui es-tu, la Fête de la Musique ?

Historique / La grand' messe de la praxis musicale célèbre cette année son quart de siècle d'existence. Retour sur l'évolution d'une idée qui a fait du chemin. FC


Notre inénarrable Ministre de la Culture nous l'a gentiment rappelé le 6 juin dernier, la Fête de la Musique, c'est du lourd, une machine de guerre culturelle. Près de 20 000 concerts sur tout le territoire, 800 000 musiciens drainant l'attention de quelques 10 millions de curieux, et une exportation du concept dans 250 villes de 120 pays répartis sur les continents. Revenons aux origines. En 1981, lorsque Maurice Fleuret prend la fonction de Directeur de la Musique et de la Danse au Ministère de la Culture, Jack Lang l'enjoint à se pencher sur les mutations du paysage musical français en termes de pratiques. En 1982, stupéfaction : une étude dévoile qu'en France, cinq millions de personnes (dont un jeune sur deux) jouent d'un instrument de musique. Branle-bas de combat, coup de speed d'inspiration céleste, la première Fête de la Musique est organisée en quelques semaines, et prévue pour la date symbolique du solstice d'été (on le rappelle pour les distraits : le 21 juin). Les manifestations affiliées à l'événement sont appelées à opérer une petite demie heure, de 20h30 à 21h ; les plus courageux, prêts à affronter l'hostilité des riverains pas encore habitués à l'effervescence annuelle, sont gentiment invités à repousser la limite horaire. Targuée du slogan désuet “Faites de la musique, Fête de la Musique“, la manifestation fait florès, brandit les concepts imparables de bénévolat, de gratuité, d'accessibilité à tous.Apport exportEn 1985, à l'occasion de L'Année Européenne de la Musique, 20 pays célèbrent exceptionnellement l'événement. Titillés par l'expérience, les pays européens expriment leur désir affriolé d'annualiser leur propre organisation de la fête. Dont acte, en près de 15 ans, une centaine de nations adopte le concept pour ne plus le lâcher. En 1995, la Communauté Wallonie-Bruxelles théorise avec la France sur la possibilité de jeter des passerelles artistiques européennes dans le cadre de l'événement. Une idée démarrée concrètement deux ans plus tard, lors de la signature à Budapest d'une impérieuse Charte des Partenaires de la Fête Européenne de la Musique : un rappel des fondements et des principes inébranlables de la manifestation, et donne surtout naissance à un réseau culturel. Les villes signataires de la Charte (principalement des capitales européennes) s'engagent à œuvrer pour la création et l'échange artistique, dans un sain esprit d'émulation. En France, le Ministère de la Culture a confié depuis 1994 la coordination nationale (et internationale) de la Fête à l'Association pour le Développement de la Création, Études et Projets – les collectivités territoriales et les organisateurs de tout poil prenant directement le relais sur le terrain.


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