Toujours en création

Alors que la fermeture du Rio suscita de la tension, la municipalité, sincèrement décidée à pallier ce manque et à calmer le climat électrique, ouvre le Théâtre de Création dans l'urgence. Séverine Delrieu


Voilà comment on noie un projet et comment un directeur artistique fait les frais de cette précipitation. Alors que le Théâtre du Rio, lieu de création, diffusion, salle de répétition disparaît en centre-ville, la Mairie réquisitionne le Théâtre de Poche, dédié aux compagnies émergentes pour créer ce lieu où la création locale et régionale trouvera accueil, accompagnement, soutien, aides, diffusion, et surtout mise en réseau. En plus, il lui faudra un lieu pour les résidences, crac, ce sera "la Salle noire" (ex locaux du CDNA) sur le site Cémoi. Un cahier des charges (comme on dit) peut-être un peu ambitieux, des missions floues, qu'à cela ne tienne, la Mairie cherche son "directeur artistique" (l'expression "professionnel de la culture" conviendrait mieux) pour ce lieu de toutes les promesses (sur le papier en tout cas). En mai 2005 Christian Verdier est recruté. Il se met au travail dans un lieu inachevé (la “Salle noire" ne sera opérationnelle qu'en mai 2006) et administrativement parlant, tout est à construire. Malgré tout, déboule le Festival d'Ouvertures où 20 compagnies grenobloises vont jouer pendant le mois de novembre 2005, cet évènement répondant à la mission "dynamiser, relancer la créativité". Pour la demi-saison suivante : 5 créations de 4 compagnies grenobloises et 4 spectacles de compagnies Rhônes-Alpines maintiennent le rythme. En avril 2005, le contrat d'un an de Christian Verdier touche à sa fin et ne sera pas renouvelé. Jérôme Safar, Adjoint à la Culture s'exprime à ce sujet. «Il y a eu incompréhension mutuelle au moment du recrutement : nous n'étions pas très au clair sur les orientations du lieu et Christian Verdier, n'a pas compris ce qu'on attendait de lui. Il a été victime d'une situation complexe». Bon. Mais que va devenir le Théâtre de Création ? Le flou est grand : «on se pose beaucoup de questions. On s'est demandé s'il ne fallait pas mettre dans ce lieu un acteur local avec une compagnie...», répond Jérôme Safar, alors que du côté des Affaires Culturelles (auxquelles le Théâtre de Création est rattaché depuis janvier), on parle encore d'"un lieu de réactivité", d'"expérimentation", à la charge "d'une équipe". Certes, il fallait créer un lieu dans l'urgence pour répondre à une demande pressante, mais peut-être aurait-il fallu l'assumer en tant que tel et se laisser le temps de la réflexion pour en faire un lieu unique.


<< article précédent
Recettes de saison