Femmes Chrysalides

Panorama / Dans la rude mêlée des manifestations musique indé, le Festival les Femmes s'en mêlent a fait sa place. Petit récapitulatif d'une idée qui a fait son chemin. Séverine Delrieu


Parti de presque rien (une seule journée de festival sur Paris en 1997), le festival devient nomade en 1999 et s'étire déjà sur quatre jours. Après un élargissement flagrant au niveau national, où il devient l'hôte privilégié de salles de renoms (Le Café de la Danse, L'astrolabe, La poste à Galène... et Le Ciel), il visite depuis 2003 une dizaine de villes en France, pour en moyenne quatre concerts dans chaque cité traversée. Son rayonnement finit par embraser l'Europe, avec des passages en Belgique et en Suisse (depuis 1999 pour Bruxelles, et 2005 pour Lausanne). Cette réussite, non démentie au fil des années, serait due à cette idée de base, ôh combien lumineuse, de réunir des artistes féminines du circuit indépendant. Alors oui certes, ce sont des femmes, mais avant tout des artistes apportant une voix originale, une écriture novatrice dans un circuit où elles naviguent depuis des années, et quelques rares fois surnagent. Rappelons qu'à l'époque (1997, année de création du festival donc), ce circuit s'avère largement dominé par la gent masculine. Très vite, l'événement fait sa réputation sur son étonnante faculté de découvertes de jeunes dames et demoiselles aux univers musicaux incontestablement sensibles et stimulants. Et devient une référence... RememberOn se souvient de Bettie Serveert, Cornu, Candie Prune, découvertes dans les jeunes années de la manifestation. Plus tard, ses programmateurs auront porté leur dévolu sur Regina Specktor, Feist, Holden ou Eleni Mandell, qu'ils feront connaître à un plus large public. Fort de cette aura, le festival voit des pointures plus connues rejoindre les rangs : Natalia M.King, Brigitte Fontaine, Françoiz Breut, Catpower, Shivaree, et leur confère en plus de leurs qualités de découvreurs, cette capacité d'accueil des plus fines songwritteuses au niveau international. La scène féminine indépendante a son festival et a trouvé son public. À Grenoble, le Festival s'invite pour la première fois en 2002. En 2004, il emmène dans ses valises les géniaux Under Byen (concert largement décrit dans ses colonnes par un certain François Cau). En 2005, Régina Spektor et Shivaree, Nina Nastasia, sont certes des invitées de marques, mais ne nous feront pas balayer les regrets de n'avoir pu s'éblouir devant les talents platinesques d'une Asia Argento ou devant le flow cinglant d'une MIA. Enfin dans le cru 2006, on aurait aimé s'émouvoir d'une An Pierlé (mais on pourra bientôt se rattraper à La Maison de la Musique de Meylan), entendre Vale Poher, The Organ, St Etienne qui sauteront l'étape grenobloise du parcours (dommage). On se consolera tout de même avec nos aimés d'Under Byen et d'une découverte, Anna Ternheim, qui nous inspire ce vieil adage, méfions-nous de l'eau qui dort.Les Femmes s'en MêlentLes 21, 22 et 23 avril à 20h30, au Cielwww.lfsm.net


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L’homme de l’ombre