Animal Factory


Danse / À la seule évocation de son audacieux casting, le projet séduit : les circassiens d'Archaos rencontrent les danseurs de Sylvie Guillermin, pour une création commune sur le milieu carcéral. À la source de la réflexion, les ouvrages de Varlam Chalamov (Les Récits de Kolyma), Michel Foucault (Surveiller et punir) et Tahar Ben Jelloun (Cette aveuglante absence de lumière), récits emplis de douleurs sourdes, et transfigurés par les maîtres d'œuvre en exploration verticale des maux tus. Le décor, de gigantesques barres métalliques aux perspectives trompeuses, frappe l'imaginaire de plein fouet et vibre de sa réappropriation par les huit artistes présents sur scène. Des jeux équilibristes des prémices à la (superbe) séquence finale, cet agencement austère revêt des formes inattendues et fort bien vues. Dans les scènes de groupe, la complémentarité entre les interprètes est telle qu'on aurait bien du mal à distinguer les danseurs des circassiens. Signe indéniable d'un essai artistique transformé ? Presque. Les tableaux s'enchaînent avec fluidité, l'intimité fait efficacement écho aux numéros collectifs, le fond sonore (une création flirtant avec la musique indus, signée Frédéric Dutertre) sert le propos déshumanisé avec soin, mais on ne peut s'empêcher de laisser son esprit vagabonder devant une mécanique peut-être trop bien huilée. Reconnaissons à Sylvie Guillermin, Guy Carrara et Raquel Rache de Andrade la cohérence imparable de ce Parallèle 26, ce don pour accrocher votre attention dès que celle-ci se fait fugitive. Ils nous offrent un spectacle carré, très bien construit, où les corps s'expriment avec pertinence, mais où il manque juste un supplément d'âme pour ces atouts majeurs ne se transforment en parole entièrement convaincante. FCParallèle 26par les compagnies Archaos et Sylvie GuillerminLe 20 avril à 20h, à la Rampe


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Collusions sonores