Wampas for president

Rock / Plus de 20 ans que les Wampas sévissent en héros d'un psycho-billy à la sauce fluide glacial. Après “le portefeuille de Manu Chao”, c'est un clin d'œil à notre cher président qui fait aujourd'hui parler d'eux. Un pur moment de rock'n'roll. Emmanuel Alarco


«Rien ne lui fera changer d'avis / Je ne sais pas ce qu'il lui a pris / Car la seule chose qui lui ferait plaisir / Ce serait de voir Chirac en prison». Non, il ne s'agit pas d'un slogan entendu au cœur d'un cortège anti-CPE, mais d'un refrain déjà culte signé Didier Wampas. Si en ces temps de démocratie branlante et de panique institutionnelle, on confesse une réelle jouissance à reprendre en chœur cet hymne (futuriste ?), il faut bien avouer qu'au fond, le dernier single des autoproclamés inventeurs du rock'n'roll n'a rien du brûlot bêtement engagé, mais relève plus, comme souvent chez ces indécrottables romantiques, de la bluette enamourée. Si Didier Wampas - qui comme le veut la légende est toujours électricien à mi-temps pour la RATP - a lancé cette idée en début d'année, c'est tout simplement pour «tester les limites de la limite de la liberté d'expression, pour voir si on avait le droit de dire un truc pareil». Le droit de le dire, sans problème, celui d'être entendu, c'est une autre histoire. Côté télé, l'autocensure règne sans partage - les Guignols se sont donc empressés de laver l'affront en concoctant leur propre clip pour le morceau - ; côté radio, ce n'est guère mieux, seules Oui FM et, dans une moindre mesure, Le Mouv' soutiennent le titre.Quelle joie le rock'n'rollEt la musique dans tout ça ? Au-delà de la polémique qu'il soulève, Chirac en prison est un redoutable spécimen de bombe rock dégénérée dans la plus pure tradition wampesque, toutes guitares dehors. L'album, Rock'n'roll part 9, est à l'avenant. Une vrai foi “premier degré” dans l'esprit yéyé-punk, des riffs ultra-efficaces et la voix toujours aussi génialement braillarde du tôlier, malgré une vraie tendance à faire mentir la devise historique du groupe : “Le chanteur des Wampas chante faux (mais c'est fait exprès)”. Sa plume, plus affûtée que jamais, atteint des sommets sur des thèmes aussi variés et débiles que les punks à chien / filles à papa, le RMI, la fin pathétique du cycliste Marco Pantani, le fait de danser seul sur U2 ou d'écrire une chanson pour Johnny... En fin de disque, après la déconne et le grand n'importe quoi, les Wampas se paient même le luxe de finir sur une ballade de cœur brisé tout ce qu'il y a de plus sérieuse, Edimbourg et sa mélodie de fin de partie, sa mélancolie joliment contagieuse. Sur scène, le groupe incarne dignement les grands principes du rock le plus épileptique - des Cramps aux Ramones - et la foule, forcément hystérique, salue systématiquement son arrivée par des incantations chamaniques : “Didier Wampas est le roi, Didier Wampas est le roi, Didier Wampas...” Et Jacques Chirac ?les wampas + freedom for king kongle 20 avril, au SummumAlbum : “Rock'n'roll part 9” (Atmosphériques)


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