Mouvements sur la toile

PANORAMA / Après bien des mutations, le paysage cinématographique local s'équilibre entre salles commerciales et Art et Essai réparties de manière cohérente sur une agglo bien pourvue pour sa taille. Cependant, À l'Horizon de ce paysage se profilent des Évolutions. Séverine Delrieu


En 1997, année d'ouverture du premier multiplexe Pathé Échirolles, eurent lieu les fermetures du Lux et du Pathé Grenette. Le marché se divisait déjà entre deux groupes : la famille Adira (la Nef, le Royal, les 6 Rex, le Vox), le groupe Pathé (Pathé Gambetta, Echirolles et le Club) et des structures associatives, comme le Méliès ou Mon Ciné. Les rumeurs d'ouvertures des multiplexes Nef-Chavant près de la Grande Poste, et d'un autre à Fontaine desservi par le tramway, allaient bon train. Le multiplexe imposant une exigence d'écoute, de vision, de conforts divers impossible à soutenir pour les autres salles, le Pathé Echirolles (12 salles) s'est alors vu drainer une grande partie du public habitué aux salles commerciales d'un centre-ville déserté. La Nef-Chavant (10 salles) ouvrira ses portes en 2001, équilibrant les forces, le public ne fuyant plus hors les murs. La famille Adira, propriétaire, procéda au rassemblement de ses forces : elle ferma Le Royal. La même année, Pathé fusionna avec la société Gaumont pour former le groupe Europalace, leader en France, société solide qui s'exportera en Europe. En 2003, Pathé Gambetta mit la clé sous la porte, Pathé souhaitant lui aussi concentrer ses atouts. Fatalement des salles ont disparu, mais l'ouverture de ces multiplexes a drainé un public supplémentaire ; la fréquentation s'est vue augmenter, le public étant séduit par le confort dans un secteur ou le cinéma se fait sur l'envie du moment et non sur le choix spécifique d'un titre.ARRêT SUR IMAGEAujourd'hui, le paysage s'est apaisé. De par leur implantation géographique, les deux multiplexes programmant les mêmes films, vivent une saine concurrence et se partagent un public différent. Évidemment, la perspective de l'ouverture d'un autre multiplexe à Fontaine inquiète mais l'Adjoint à la Culture Jérôme Safar assure «qu'à ce jour, il n'en est pas question». Le 6 Rex (salle vivotant, assurant la continuité des films de la Nef-Chavant) est géré par Lucien Adira, le propriétaire du groupe Adira qui possède aussi un des rares cinémas pornographiques de province (le Vox). Les trois salles Art et Essai (voir encadré ci-dessous) couvrent le centre-ville, et n'ont pas pâti en termes de fréquentation de l'ouverture de ces multiplexes. Enfin, la Cinémathèque de Grenoble présidée par Michel Warren projette à la salle Juliet Berto (salle municipale de 170 places) d'imposantes collections de films, de documents dont elle est propriétaire ; elle est aussi l'instigatrice du Festival annuel du court-métrage organisé en plein-air, attirant professionnels et amateurs. Mon Ciné à St-Martin-d'Hères, salle d'art et d'essai dirigée par Marie Baccon, a obtenu le label jeune public en 2004 de par sa programmation intéressante à l'adresse des collégiens et lycéens. Quant au CCC (Centre Culturel Cinématographique) association affiliée à la fédération Inter-film, il s'agit d'un ciné-club créé en 1967 qui survit grâce à ses adhérents. Au mois de mars, le CCC propose un cycle passionnant sur le thème du “Double” dans la salle Juliet Berto.


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