Fertiles essais

VO / Si la capacité d'accueil est similaire entre le Club (5 salles) et la Nef (7 salles), le Méliès projette encore sur un seul écran. les salles déplorent un manque d'espace en vue d'un lieu d'échange entre public et équipes artistiques et souffrent par endroits d'équipements vieillissants ; la vraie différence se situant au niveau de la programmation, du fonctionnement. Séverine Delrieu


Le ClubLa vaste production de films Art et Essai, bien couverte et répartie entre les trois salles de cinémas locales, se divise entre films porteurs et films plus ambitieux, ligne éditoriale qu'assume le Club. Propriété de Pathé du groupe Europalace, dirigée par Patrick Ortéga, la salle a pour principe fort louable de ne faire aucune entorse à la VO. A priori rien de plus logique pour une salle Art et Essai, pas tant que cela quand on sait que dans une autre salle, les films peuvent être projetés en VF. Mais revenons au Club. Pour Patrick Ortéga, communiquant son amour des films et celui de sa fonction de programmateur avec intensité, «l'essentiel est la vie du film». Ainsi, ses choix alignent films drainant du public, «une question de survie», dit-il (on pense au Secret de Brokeback Mountain ou à The Constant Gardener), et films plus confidentiels comme Antarès, film autrichien ou La Trahison de Philippe Faucon, largement soutenus par Le Club, car «ce sont les réalisateurs de demain». Sur 250 films par an, 20 font 80% des entrées et permettent le soutien de ceux qui ne trouveraient pas un public instantanément. Le public fidèle, ayant confiance en la ligne éditoriale du lieu, suit.La NefAlors que bon nombres de tentatives pour joindre Monique Adira, gérante de la Nef, restèrent infructueuses, certaines questions restèrent elles aussi en suspens. Avez-vous perdu le label Art et Essai ? Pourquoi passer des films en VF ? Quelle est votre conception de la programmation ? ...Le MélièsBruno Thivillier est directeur depuis 8 ans de la salle de 96 places Le Méliès, gérée par une associative d'éducation populaire. Fonctionnant à plein régime, la salle diffuse plusieurs films par semaine et travaille sur un premier axe : la recherche de nouveaux auteurs et la diffusion de premières œuvres. Ce “laboratoire de recherche” se singularise en diffusant des films en exclusivité pour lesquels il n'existe que peu de copies. Il fait également la part belle aux documentaires militants ou non, et aux films étrangers (pas seulement américains), dont on a pu découvrir récemment le srilankais Terre abandonnée, Sangre film mexicain, ou Un couple Parfait, film franco-japonais. Les films repérés font souvent preuve d'une écriture singulière, véhiculant une pensée, un univers rare. Enfin, Le Méliès a pour objectif le développement de la laïcité et de la citoyenneté par le cinéma, et travaille par conséquent assidûment en direction du jeune public en proposant les Rencontres en février, en plus de programmations tout au long de l'année de films aux écritures autant originales que poétiques.


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