Travelling avant-arrière


Fréquentation / L'étude commandée par la Mairie auprès de l'Observatoire des Politiques Culturelles le confirme : Grenoble est cinéphile. Pas encore publiée, c'est Jérôme Safar qui nous livre quelques “avants-goûts” de celle-ci : sur les douze derniers mois écoulés, 75% des grenoblois interrogés sont allés au moins une fois par mois au cinéma alors que nationalement, la moyenne est à 54%. On le sait, par rapport à l'excellente année 2004 (la meilleure depuis vingt ans), la baisse de la fréquentation des salles en 2005 est de 10,4% au niveau national, Grenoble se situant légèrement au-dessus. Cependant la baisse s'avère plus sensible du côté des multiplexes que des cinémas Art et Essai. Cette baisse est expliquée d'une même voix par les deux directeurs des multiplexes, d'une part par le moindre succès des grosses productions, les films américains étant peu draineurs cette année, et d'autre part, la pauvreté des films français. Philippe Desaye, directeur de la Nef-Chavant depuis 2001, est passé de 960 000 entrées en 2004 à une baisse de 10% en 2005. Il s'insurge : «les réalisateurs devraient faire des films de qualité pour que les gens viennent en salle et ne reste pas devant la télé !». Son homologue du Pathé Echirolles, David Epstein, qui lui aussi enregistre 830 000 entrées en 2005 contre 920 000 entrées en 2004, «le français qui va voir des films français contrairement à beaucoup de pays européens, n'a pas eu de films porteurs puisque le plus gros succès français a été Brice de Nice 4,5 millions d'entrées contre 8 millions avec Les Choristes en 2004». Chacun évoque également les conséquences encore floues du téléchargement. Les salles Art et Essai, moins soumises au conjoncturel, ayant un public fidélisé sur une ligne éditoriale, ont moins accusé le coup de cette baisse. Le même David Epstein, gérant de la salle Art et Essai Le Club (Pathé étant le propriétaire des lieux), évoque une légère baisse, «la moyenne se situe autour de 150 000 entrées, à quelques milliers près, on s'est maintenu en 2005». Monique Adira, gérante de la Nef, n'a jamais “trouver le temps” de répondre à nos questions. Le 6 Rex (salle commerciale) du même groupe perd sa clientèle de manière spectaculaire. Le Méliès, enfin, cinéma Art et Essai classé Recherche et labellisé Europa Cinéma, vit des fluctuations moins grandes, le lieu comptant une unique salle. Pour Bruno Thivillier, son directeur, «Le Mèliès arrive a un seuil, puisqu'on navigue entre 50 et 60 000 entrées et qu'on ne peut pas faire mieux en termes d'entrées dans cette salle». SD


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Fertiles essais