Pauline à l'affût


La musique lumineuse, métissée, entraînante contraste singulièrement avec les textes plus sombres. Une voix androgyne à souhait amplifie les souffles d'air et les légers tremblements acheminant les sens vers le romantisme de Noir Désir. Telles sont les impressions instantanées du premier album de Pauline Croze, produit par Edith Fambuena (Les Max Valentins). Cette jeune interprète de 27 ans au carrefour de tous les styles, rock, flamenco, reggae, dub, zouk, mélopées cap-verdiennes ou brésiliennes, mélange dans ses compositions ces influences, créant un style original et inclassable. On sent une jeunesse libre, spontanée, soignant sa déprime dans les bras de nuits blanches aux arômes d'alcools. Pour autant la facture est soignée, tous les effets sonores sont maîtrisés, des castagnettes secrètes aux subtiles percussions africaines, sans étouffer l'expression ni être gratuits. Seule faiblesse de l'opus quelques textes manquent parfois de créativité. Je ferai sans ou le maladroit Un seul être vous manque et tout est dépeuplé sentent le cliché rebattu. Autant on s'enthousiasme pour la musique et autant on reste sceptique sur l'immaturité des paroles. Néanmoins dans les pièces maîtresses Quand je suis ivre, Je suis floue et Mal assis toute l'ampleur du talent de Pauline Croze émerge : dans la première, l'alternance de tristesse et de joie dans une ritournelle envoûtante nous enivre. La prestation vocale est impressionnante dans Je suis floue, la rythmique simple se juxtapose aux nappes sonores dans lesquelles la voix décolle et s'échappe dans des aigus très doux. Dans Mal assis, l'ambiguïté entre tango sévillian et zouk remixé est plus que pertinante, elle s'allie au texte qui explore pour une fois les sursauts égarés des histoires chavirées. SD

Pauline Croze, le 7 mars à 20h, au Grand Angle (avec Anaïs) Album : “Pauline Croze” (Wagram)


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