Le temps qui reste

Événement emblématique d'une programmation annuelle en partie consacrée à nos chères petites têtes brunes, rousses ou blondes, les Rencontres Cinématographiques Jeune Public du Méliès se focalisent cette année sur la thématique du temps. FC


Rappelons brièvement le principe. Chaque début d'année, le cinéma Le Méliès propose cette manifestation, juste reflet d'un travail permanent sur les jeunes publics. Via une sélection d'œuvres embrassant toutes les cinématographies défendues par la salle (muet, animations en tous genres, savoureux classiques), ces Rencontres dispensent de nombreux instants d'échanges avec des professionnels et autres amateurs, et réunissent deux jurys (l'un composé d'enfants de 5 à 7 ans, et l'autre de jeunes issus de structures socioculturelles), dont la douloureuse mission consiste à choisir leur film préféré dans la sélection. Petite nouveauté pour cette édition 2006, les sbires de la compagnie Alter-Nez se sont vus confier des interventions clownesques en lien avec les films projetés (en particulier Les Temps Modernes de Chaplin et La Planète des Singes de Franklin J. Schaffner).

Seleçao

Outre le chef-d'œuvre de Charlie Chaplin déjà cité, les autres films en compétition ne dépareillent pas en qualité. Démarrons avec le plus récent, Le Chien Jaune de Mongolie de Byambasuren Davaa, qui confirme avec cette fable languissante sa superbe maîtrise naturaliste (après son émouvante Histoire du Chameau qui Pleure). Rayon animation, place à l'Asie, avec d'un côté le jouissif Pompoko du nippon Isao Takahata (il n'y a pas d'âge pour l'écologie hardcore !), et de l'autre le long métrage sud-coréen Mari Iyagi, une belle fable, visuellement épurée, sur un employé de bureau revivant le cœur de son enfance, en particulier sa rencontre avec l'intriguante Mari. Et pour finir ce panorama de la sélection "officielle", on ne remerciera jamais assez Le Méliès de nous proposer, et en version originale s'il vous plaît, LE chef-d'œuvre (cherchez pas, y en a pas d'autres) d'Harold Ramis, le grandiose Un Jour sans Fin (photo). À travers cette histoire d'un présentateur télé aigri (le titanesque, l'énorme, le dieu vivant Bill Murray), condamné à revivre à l'infini une journée pourrie dans un bled américain reculé célébrant "le jour de la marmotte", Ramis nous donne un pur joyau comique, exploitant toutes les possibilités offertes par son pitch génial. On conservera cet enthousiasme gaillard pour aborder les films hors compèt', avec la première version (un rien datée, avouons-le) de La Planète des Singes, avec son beau Charlton Heston velu («Noooon !!! Mais qu'avez-vous fait ?!?!»), le rare Il était un père de Yasujiro Ozu, ou enfin une bonne dose de films d'animation de tous styles (les toujours sympathiques Maîtres du Temps, le très attachant Franz et le chef d'orchestre, et les pas vus La Montagne aux Bijoux et Un Crocodile dans mon Jardin). De quoi émerveiller durablement les jeunes spectateurs, sans qu'on rechigne à les accompagner.

Rencontres Cinématographiques Jeune Public du 15 février au 7 mars, au Méliès


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