Feu, marche avec moi


Musique / Électron libre, chef de file, triturateur de sons venus de genres musicaux disparates, Julien Lourau se fait fort de ne jamais être là où on l'attend. Démissionnaire d'un Groove Gang dont le funk cosmique était alors en plein zénith, il se lance à corps perdu dans un projet mêlant ses préoccupations musicales du moment. Le résultat, Gambit, emprunte son nom à une stratégie du jeu d'échec consistant à sacrifier un pion pour mener à bien une attaque. Tout est dit ou presque dans cette note d'intention : Julien Lourau se flanque de vieux compagnons de route (Magic) Malik Mezzadri et Minino Garay, mais aussi de DJ Shalom et Jeff Sharel, rescapé de ses pérégrinations house. Gambit amorce la transition d'une époque à une autre, l'ouverture de sa musique aux ambiances électroniques certes, mais également aux influences ayant émaillé ses parcours à travers le monde, ou ses collaborations antérieures (en particulier celle avec le génial pianiste Bojan Z). On retrouve d'ailleurs ce dernier sur The Rise, retour aux sources acoustiques pour le moins inattendu, où Julien Lourau prend le risque (savamment calculé) de perdre une partie du nouveau public que Gambit lui avait fait gagné. Un voyage entre Balkans, Afrique et Andalousie au charme lascif, auquel le double opus suivant, Fire and Forget, apporte un éclairage pour le moins furieux. Le morceau éponyme, en intro, sonne comme une cacophonie contrôlée qui finira d'ailleurs par se muer en osmose mélodique totale, atteignant son apogée sur une ultime composition bercée de la voix de Magic Malik. La production de Jeff Sharel revient avec efficacité, s'effaçant légèrement pour mieux épouser les circonvolutions mélodiques des musiciens. On attend le concert de cette semaine (featuring Lourau et Sharel) avec une impatience même pas dissimulée. FCJulien Louraule 17 décembre à 20h30, à EVE


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Théâtre dans le local