La revanche des cuivres

Musique / Pour clore en beauté la nouvelle édition du festival Rocktambule, on retrouvera au Summum quelques pointures de la scène électro-dub française, mais surtout l'excellent collectif londonien The Herbaliser, qui a su redonner à l'abstract-hip-hop anglais le goût des cuivres, du funk, et de la symphonie. Damien Grimbert


Si on passera rapidement sur la prestation du groupe maconnais JMPZ, dont les sonorités “rock électro tribal” ont le plus grand mal à nous accrocher, on accueillera en revanche avec plaisir (et ce malgré un nombre déjà considérable de passages pour chacun d'entre eux) deux formations qui ont contribué à écrire l'histoire du dub français en live, Zenzile et Kaly Live Dub. Si les premiers ont volontiers rapproché le genre de ses influences rock, et accumulé les collaborations avec des artistes divers, les seconds ont quant à eux exploré des versants plus sombres, ethniques, et psychédéliques de la discipline, et viennent d'accoucher d'un troisième album Répercussions, qui frappe par la sophistication de sa construction. C'est cependant vers le combo anglais The Herbaliser, qui en l'espace d'une douzaine d'années s'est imposé comme l'une des plus brillantes formations hip-hop live de son pays d'origine, qu'on se tournera avec le plus d'impatience.Take LondonCréés au milieu des années 90 sous la forme d'un duo composé de deux londoniens de souche, Jake Wherry et Ollie Teeba, le groupe s'adonne dans un premier temps à un abstract hip-hop faisant la part belle aux samples de jazz et de funk, qui recueille rapidement l'attention du fameux label Ninja Tune, dont il deviendra l'un des principaux fleurons. Après la sortie d'un premier album en 1995, Remedies, le duo récidive en 1997 avec Blow Your Headphones, qui marque la première évolution majeure du groupe, avec l'introduction d'un (ou plutôt d'une) MC, la new-yorkaise What What alias Jean Grae, qui deviendra leur rappeuse attitrée. Mais c'est Very Mercenary, sorti en 1999, qui constituera vraiment l'album du changement. Désormais étoffé d'une poignée de musiciens en live comme sur l'album, et de vocalistes toujours plus nombreux (Blade, Bahamadia, Roots Manuva, Dream Warriors…), The Herbaliser y livre enfin tout son potentiel en matière de groove vintage (jazz, funk, hip-hop old school, B.O. de films…) et entre définitivement dans la catégorie des groupes avec lesquels il faut compter. Suivront encore deux autres albums Something Wicked This Way Comes (en 2002) et le récent Take London (sorti cette année), où le groupe, approfondissant encore son travail avec des musiciens désormais partie intégrante de la formation, parachève son sens de la composition, et accouche d'un son encore plus profond, organique, et policé sur lequel plane parfois une légère nostalgie. Sans oublier pour autant son amour profond du hip-hop, représenté sur la majorité des morceaux par une série de featurings de MCs de très, très haute volée (Roots Manuva toujours, la légende underground US MF Doom, les surdoués Phi Life Cypher et Wildflower, voire même le chanteur français Katerine, pour un hommage à Gainsbourg).The Herbaliser, avec Zenzile, JMPZ, Kaly Live Duben clôture de Rocktambule,le 21 octobre à 19h, au Summum


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