And this is our music

Entretien / Réalisatrice de documentaires, Ondi Timoner a mis sept ans pour accoucher de Dig !. Retour sur une très longue gestation. Propos recueillis par Vincent Verlé


Comment avez-vous choisi les groupes du film ?Ondi Timoner : J'ai commencé par en suivre une dizaine. Je voulais d'entrée le faire sur une longue période pour pouvoir créer une fiction, que l'on puisse s'identifier aux personnages. Et puis j'ai entendu parler des BJM. Quand je les ai vus à San Francisco, j'ai tout de suite voulu les intégrer au projet. Ils étaient tellement différents des groupes de L.A., ils faisaient de la musique pour la musique. Ils n'avaient ni voitures, ni maisons, ils s'en foutaient. Puis Anton Newcombe m'a fait rencontrer les Dandy Warhols. Il était très proche de leur chanteur Courtney et pensait qu'ensemble ils allaient révolutionner l'industrie musicale. J'ai trouvé que le film serait plus engagé et intéressant avec ces deux groupes qu'avec les dix autres, car ils avaient leur propre dynamique. Comment s'est passé le tournage?Quand j'ai commencé en 1996 je ne savais pas quand je finirais. Si j'ai filmé pendant autant de temps c'est parce que je voulais vraiment m'inspirer de leur vie. Pendant les quatre premières années, je les ai suivis tout le temps. J'ai dormi sur les canapés les plus sales des USA, j'ai vu Anton se détruire avec les drogues. C'était très dur, mais il y avait un esprit à ce projet et je m'y suis attachée. Puis quand j'ai commencé le montage, je me suis dit que je tenais une histoire, qu'il fallait que je poursuive l'aventure. J'ai continué à les suivre régulièrement tous les trois mois. Comment avez-vous mené le montage ?C'était un cauchemar. Début 2003 je suis tombé enceinte. J'ai su alors qu'il fallait que je finisse le film, et puis je commençais à m'en lasser. Accoucher de mon enfant a été plus simple que de finir Dig !... En juillet, il me restait encore 5 heures de film sur les 1500 heures de tournage, mais je ne voyais pas comment les réduire. Je ne pouvais rien couper, mais il fallait que je finisse ce film, pour tout ce que les musiciens m'avaient apporté, pour eux tout simplement. J'ai alors coupé en ciblant vraiment sur les DW et les BJM. J'ai ensuite écrit la narration et j'ai demandé à Courtney de la lire. J'avais besoin de l'un d'eux pour illustrer leur relation. Anton et Courtney sont complètement obsédés par leur musique, ils s'admirent tous les deux, sont sur la même longueur d'onde, mais ils ont tous les deux ce que l'autre ne possède pas. Qu'en pensent les groupes ?Anton a réagi très négativement. Il m'a dit que j'avais déconné, que mon film n'était pas encore fini. Mais au final, c'est bien le film qu'il a voulu que je fasse.


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Sur la corde raide