Jusqu'ici, tout va bien...


danse / Illustration chorégraphique emballante d'un état d'esprit indéfinissable par les mots, Malandragem s'attache à décrire le mode de vie des malandro brésiliens, cette jeunesse des favelas qui a transformé son art de la débrouille au quotidien en “hymne à la vie”. Créée à l'initiative du chorégraphe Landrille Bouba Tchouda, de la compagnie Malka, la pièce, montée entre la France et le Brésil, réunit logiquement des danseurs des deux pays, et mêle allègrement mouvements issus de la danse contemporaine, du hip-hop, et de la capoeira. Mais malgré l'agilité virtuose il est vrai assez bluffante de chacun des participants, Malandragem ne verse jamais pour autant dans la performance pure et dure, et reste au contraire fidèle à son objectif initial, la retranscription par la danse d'un propos donné, illustré avec une justesse et une finesse faisant conjointement fi de toute lourdeur démonstrative ou intellectualisme pesant. La création garde en effet en permanence une fraîcheur et une spontanéité de tous les instants, rendant d'autant plus palpable le quotidien de la bande, entre farces, frasques, déprimes passagères et moments d'euphorie collective, autant d'instants de vie retranscrits sur scène avec une belle énergie. Car si la vie n'épargne pas les malandro (derrière la légèreté d'apparence, la tension sociale reste prégnante, et le drame n'est jamais loin), leur désinvolture moqueuse les garde à distance de l'apitoiement, et leur sens aigu de la démerde leur permet de ne jamais perdre la face, comme en témoignent ces nombreuses séquences chorégraphiques qui semblent prises sur le vif, et donnent à la pièce toute son universalité. Sublimée par l'excellente musique d'Henri Torgue (qui, loin d'une simple commande, a pris une part active dans la création), Malandragem convainc sans réserve, et la vitalité ludique des malandro n'est pas loin de se faire contagieuse. DGMalandragemle 4 mai à La Rampe, et le 10 mai au Grand Angle


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