La celestina
publié dans Musiques par le Mercredi 20 avril 2005
Musique / Il est des voix dont on tombe amoureux. Notre flirt auditif récent avec Kelly de Martino (en concert au Ciel le 25 avril pour Les Femmes s'en Mêlent, mais on vous en reparlera) ne nous a pas fait oublié notre passion fougueuse pour The Living Road, second album de cette jeune femme à la beauté troublante. Son parcours fait partie d'une légende qu'on aime bien ressasser : pendant sept années de sa prime jeunesse, Lhasa vivote entre les Etats-Unis et le Mexique, vivant avec ses parents érudits et ses trois sœurs dans un bus, qui finira par s'arrêter à San Francisco sept autres années. À 18 ans, déjà nourrie d'une musique traditionnelle mexicaine bien éloignée des clichés, mais aussi de sonorités tziganes ou arabisantes, Lhasa monte à Montréal afin d'étudier le jazz. Elle y rencontre le guitariste Yves Desrosiers, grâce auquel elle canalise ses envies musicales. Recentrant toutes ses influences, brassant son métissage pour lui donner sa touche unique, elle accouche d'un premier opus intitulé La Llorona. Lhasa y dévoile son éclectisme sonore à travers onze morceaux envoûtants, et nous fait découvrir sa voix incroyablement mélancolique. La scène world se pâme devant sa nouvelle icône, mais la demoiselle, une fois affranchie de ses obligations scéniques, rejoint ses sœurs pour tourner avec un spectacle circassien, assouvir un peu plus sa soif de nomadisme. Elle finit par se fixer en France, apparaît sur l'album Pour madame X d'Arthur H (le morceau Indiana Lullaby), et compose la première mouture d'un nouvel album avec des musiciens parisiens, dont Vincent Segal et Cyril Atef de Bumcello. Las, le rythme de production imposé par les studios de la capitale ne lui convient pas, et elle retourne au Canada terminer The Living Road. Chantant tour à tour en espagnol, en anglais ou en français, Lhasa confirme sa puissance vocale à travers un album nourri de ses pérégrinations et infortunes diverses. Son pessimisme folk s'y fait de plus en plus addictif, et on ne demande au finish qu'à mourir d'amour pour cette voix définitivement précieuse. FCLhasa le 14 avril à 20h30au Grand Angle de VoironAlbum : "The Living Road" (Tôt ou tard)