La ruée vers les nudistes


Figures de proue du navire Sorry But Home Recordings Records (le label qui ne devrait pas s'excuser d'enregistrer ses disques à la maison), les Frères Nubuck valent bien mieux que la circonspection automatiquement engendrée par la pochette de leur premier album (Chez les nudistes). Derrière le visuel de ce couple de naturistes cagoulés, point de sauvagerie revendicatrice d'un mode de vie alternatif (si ce n'est une inclination avérée pour la nudité), mais plus d'une douzaine de ritournelles très (trop ?) courtes, oscillant entre ironie délicate et mélancolie assumée. A cheval entre les diverses influences inévitables de la nouvelle chanson française "décalée", de Katerine (Nils) à Bertrand Betsch (le très bon morceau JT Leroy), les Nubuck ne s'égarent dans l'écart des poses textuelles faciles qu'en de rares occasions, et on les en remercie. Ils oseraient même s'aventurer sur le terrain glissant de l'électro intimiste, n'oubliant pas d'affûter leurs proses d'un humour souvent irrésistible («Quand j'étais petit, j'emmerdais les jedis», in Camille). Pour résumer, un album qui procure à peu près le même effet que de se retrouver par erreur dans un camp naturiste : la cocasserie de l'ensemble fait vite oublier qu'on n'y reviendra pas forcément tous les jours. On ira tout de même les voir ce samedi au Cabaret Le Grenier aux côtés de leur camarade Cyrz, pour le concert de clôture du lieu. Histoire d'avaler le fait qu'on n'aura plus de point de chute passé deux heures du matin... FC

Les Frères Nubuck + Cyrz au Cabaret Le Grenier le 5 février Album : "Chez les nudistes" (SBHRR) disponible sur www.sorrybut.com


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