La tête ou les jambes


Le cas Duster 71 est épineux. Les quatre lascars (trois grenoblois à la musique énervée et un québécois allumé au chant) se targuent d'aimer le rock, le vrai, le bourru, celui qui hume bon le sang, la sueur, le cambouis d'une Ford Plymouth ; et ils confessent sans détour éprouver pour cette dernière machine une fascination inquiétante, qui fait dire qu'une soirée passée avec eux nous propulseraient dans un remake français du Christine de John Carpenter, fringues d'époque en option. Pour tout dire, quand on a écouté leur Go, baby, go, une schizophrénie corporelle s'est emparée de nous : la tête exprimait une réserve brutale, tiquait sur les textes (en français, relevons le courage), la voix, fronçait les sourcils avec l'air fat du désapprobateur de base. Et dans le même temps, ce foutu pied gauche qui n'en fait qu'à sa tête ne pouvait s'empêcher de battre la cadence. Lorsqu'on voit le groupe sur scène, le processus est quasiment le même, si ce n'est qu'entouré d'aficionados exaltés de gros son garage, on fait bien moins attention aux réserves précitées. Le cas Fake Oddity prête moins le flanc à la controverse : chant en anglais sans accent, art consommé de la mélodie qui trotte dans durablement dans la tête, production complexe laissant filtrer des éclats de fureur maîtrisée… Tout pour nous satisfaire instinctivement, à défaut de se retrouver face à une énergie brute de décoffrage. Duster 71 et Fake Oddity se la donneront en live à deux jours d'intervalle, respectivement à la Chaufferie et aux Abattoirs. À vous de voir si vous préférez la tête, les jambes ou les deux. FC Duster 71 mer 19 déc à 20h30, à la Chaufferie Fake Oddity ven 21 déc à 20h, aux Abattoirs (Bourgoin-Jallieu)


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