Le retour du gang


Cela fait bientôt douze ans que le Johnny Staccato Band est en maraude, et on n'est toujours pas près de se lasser des déambulations jazz du collectif. Parce qu'il ne cesse de renaître à chaque nouvelle création, apportant à chaque fois son lot de compositions (et d'improvisations) novatrices, qu'il propose une ouverture d'esprit musicale trop rare à l'heure actuelle, flirtant avec élégance avec les styles et les écoles sans jamais perdre son âme, et avant tout parce qu'il est composé de sacrément bons musiciens, dont l'alchimie sonore fonctionne tout simplement à la perfection. Mais ce qui rend les concerts du groupe si particuliers est à chercher encore ailleurs, dans son refus d'appréhender le jazz de façon purement intellectuelle, détachée, pragmatique, trop conscient que ce dernier est avant tout une histoire d'hommes, d'atmosphères, de rues, et de bars. Il ne suffit pas de restituer les rythmes, il faut restituer les émotions, les sentiments, et le Johnny Staccato Band s'y emploie en joignant à la musique son contexte (le théâtre 145 transformé en club de jazz à l'ancienne, exception fait de l'atmosphère enfumée, parce que bon, hein, c'est la loi…), et en marquant ses filiations culturelles (la Beat Generation, le combat pour les droits civiques…) par un habile jeu de références, renforçant encore son caractère. Pour l'accompagner dans son périple musical, la formation pourra compter sur deux alliés de choix, au travers des groupes Sweet Back (en référence au Sweet sweetback's baadasssss song de Melvin Van Peebles) et Amiral Joko Trio, «groupe débridé qui sait préserver son esprit rebelle». On vous aura prévenu. DG

Johnny Staccato Band, Sweet Back et Amiral Joko, du jeu 10 au sam 12 janvier, au Théâtre 145


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