Clown Triste


Théâtre / On avait quitté Philippe Faure la saison dernière au meilleur de sa forme, triomphant avec sa version d'On ne badine pas avec l'amour de Musset, légère et enlevée. On le retrouve en formule one-man show, endossant une nouvelle fois son costume de "clown-poétique-loser", voguant au milieu d'une marée de lampes de chevet. Simplicité des décors, des accessoires (un drap, une valise en carton) et "améliepoulainismes" en tous genres nous font comprendre dès les premières secondes l'intention du metteur en scène : retrouver l'émotion d'un théâtre de bouts de ficelles. Et pourtant, on a beau chercher, au bout du chemin éclairé par les lampes de chevet, on ne trouve ni le théâtre, ni l'émotion, mais l'incompréhension la plus totale. Un spectacle qui affiche de tels partis pris ne peut se contenter d'un texte faiblard. Or, celui de Naissance d'un clown ne brille pas par sa finesse. Passons les divers délires sur la lumière (le sang de lumière, la mort "tragique" de la lampe de chevet) et la métaphore filée épuisante. Passons la facilité des images et le recours pas très audacieux à C. Jérôme pour provoquer l'hilarité du public. Il reste alors la banalité condescendante des histoires (notre clown a été quitté par Brigitte qui lui a préféré son collègue et ami pour l'accompagner au bal organisé par EDF) et des passages pipi-caca-seins ô combien dispensables. Avons-nous perdu notre âme d'enfant ? Peut-être. Naissance d'un clown ne nous laisse pourtant pas de marbre. En tirant sur la corde pathétique, le spectacle installe une gêne durable. On a hâte de voir Faure quitter son costume de lumière de chez Tati et hâte de le retrouver dans une autre forme, une toute autre forme. Dorotée Aznar Naissance d'un clowndu mar 12 au jeu 14 fév, à la MC2 (Petit Théâtre)


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