La mastication des morts


Théâtre / Si la mort rôde, inquiétante, dans la pièce de Fabrice Melquiot, Autour de ma pierre il ne fera pas nuit, la recherche d'amour sauve. Une famille cassée, en perte de sens et poussée au pire, erre dans une région suffocante et rêve d'un ailleurs. Un père, ses deux fils et les copines des frères vivent avec leurs morts. Ils croiseront un voyageur poète en deuil de sa muse. Dans un ballet de fantômes et de doubles -qui tourne un peu en rond-, ces détrousseurs de mort, poète à grenade, travelo, adolescente ambiguë, des personnages liés à l'enfance ou à l'adolescence, s'entrechoquent.
Melquiot, jeune dramaturge prolifique mélange les tons. L'humour vient détourner la crudité, ou la perversité, joue avec les mots, et sa poèsie espiègle, tout comme la structure sauvent un contenu un peu vain : dans une société dépourvue de perspectives, l'amour reste une graine vivace et l'espoir une constante...
Les scènes, des condensées de vie, sont montées comme dans un film : présent, passé, flash back ou fantasmes, superposition des temps alternent. Des procédés nourrissant les énigmes.
Le Groupe Point avait créé le texte à l'Espace 600 en 2005 dans une mise en scène de Jérémy Brunet. À raison, cette mise en scène est reprise cette saison dans le même théâtre, mais aussi à la salle Edmond Vigne. Les bons comédiens du Groupe, réussissent à transmettre des charges d'émotions.
La rencontre entre le poète et le père, la découverte du désir entre Ivan et Laurie, les scènes des frères à l'œuvre, secouent. Les partis pris de mise en scène soulignent le jeu du montage cinéma – des panneaux mouvants, une bande son de sitcom, des contre-jours - et fonctionnent lorsque le ballet flottant se fluidifie. SDAutour de ma pierre il ne fera pas nuit, . ven 22 fév à 20h30, à la Salle Edmond Vigne (Fontaine)
“Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit” / “La Derniere Balade de Lucy Jordan” de Fabrice Melquiot, ed. L'Arche


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