Rock de quartier

Cinéma / Le désormais incontournable Cinéma de Quartier du Théâtre 145 propose une nouvelle fois une affiche exceptionnelle, avec les cultissimes “Spinal Tap“ et “The Rocky Horror Picture Show“. FC


Le Théâtre 145 a fait sien une phrase du grand Orson Welles : «En ces temps de supermarchés, je reste votre sympathique petite épicerie de quartier». Cette maxime se vérifie avec force à travers les rendez-vous regroupés sous l'intitulé Cinéma de Quartier : une double séance de qualité, proposant aux regards curieux de la chose cinématographique des œuvres rarement diffusées, crues, exigeantes, bouleversantes, violentes, sulfureuses. Là où l'équipe du Théâtre 145 fait fort, c'est dans l'accompagnement des films projetés. Outre les désormais mythiques présentations lascives de MC Jean-Claude Brumaud, à faire pâlir d'envie ce qu'il reste d'Eddy Mitchell, c'est bel et bien lieu tout le lieu qui se transforme systématiquement en fonction de la thématique abordée, sous l'impulsion déférente des programmateurs. On se souvient des kilos de barbaque suspendus un peu partout et du show gore proposé pour Massacre à la Tronçonneuse, des écarts lubriques perpétrés pour la soirée érotique, et bien évidemment de la première soirée Rocky Horror. Les sauts dans le tempsLoin de se contenter de l'invariable public de fans garanti par chacune des projections de ce film culte sur fond d'émancipation sexuelle, les sbires du 145 avaient fait les choses en grand. Travestissement de toute l'équipe, bien sûr, mais également reproduction des tics festifs des fameuses projos de minuit où le film de Jim Sharman glana sa réputation (reprise à haute voix des chansons, chorégraphies, jets de riz sur le public pendant la scène de mariage, discrète bruine lors de l'arrivée au château de Frank N. Furter…). Un succès à tous les niveaux – salle comble, spectateurs ravis, qui regrettaient du coup de ne pas avoir osé enfiler leurs plus beaux bas résilles pour l'occasion – et surtout, une redéfinition essentielle de l'émulation cinématographique dans ce qu'elle a de plus puissante : pendant la durée d'un long métrage, une salle entière se réapproprie l'œuvre et vibre à l'unisson d'un film immédiatement et sainement désacralisé. A priori, ça rentre en opposition avec notre acception usuelle de l'état de spectateur, mais d'une part, ces conditions sont celles voulues par Sharman et Richard O'Brien pour la réception de leur film, et d'autre part, elles ne participent pas d'initiatives éparses de quelques impudents souhaitant démontrer au reste du public leur supériorité intellectuelle par rapport au film projeté, mais bien d'un élan commun purement jouissif. Si vous ne souhaitez pas voir les supermarchés tout raser sur leur passage, foncez soutenir cette démarche purement cinéphile, d'autant qu'en sus de Rocky Horror, on vous propose le chef-d'œuvre de Rob Reiner, Spinal Tap.Cinéma de quartier n°9Avec Spinal Tap (à 19h) et The Rocky Horror Picture Show (à 21h), lun 3 mars, au Théâtre 145


<< article précédent
GP Chapo général