Mon Führer

de Dani Levy (All, 1h35) avec Helge Schneider, Ulrich Mühe…


La controverse suscitée par le film de Dani Levy s'explique moins par son postulat de départ – dans une Allemagne vivant les dernières heures du nazisme, Goebbels sort un professeur de théâtre juif d'un camp de concentration, afin qu'il coache un Führer décati – que par l'incertitude de ses partis pris. Selon des sources plutôt bien placées (dont Helge Schneider, interprète d'Hitler), Dani Levy aurait atténué les effets comiques de son film au montage, tant la polémique commençait déjà à se faire envahissante. Cette gestation chaotique explique en partie les sentiments contrastés que procure ce singulier long-métrage.
Nous sommes en effet en face d'un film bénéficiant d'une mise en scène souvent inspirée, à l'intrigue subversive, mais n'arrivant jamais à choisir clairement sa voie entre comédie et tragédie, jusque dans sa direction d'acteurs (face à un Ulrich Mühe tout en sobriété forcée, c'est peu dire qu'Helge Schneider en fait des caisses).
De fait, les scènes comiques tombent souvent à plat, et ont même des relents d'atroces mauvais goût involontaire tant les ambitions de Dani Levy sont floues. Le cinéaste a eu visiblement eu les yeux plus gros que le ventre, a voulu brosser un parcours “héroïque“ ambigu tout en mettant à mal le caractère iconique de l'un des plus tristement célèbres dictateurs qu'ait compté l'Histoire.
Le problème étant qu'il filme ses scènes dramatiques comme ses scènes comiques, avec ampleur mais sans aucun recul – ce qui ne serait pas dommageable outre mesure si son approche humoristique s'était inscrite dans un autre registre que la grosse pantalonnade…
Mon Führer avait tout pour être un grand film, il n'est finalement qu'une preuve supplémentaire qu'on peut rire de tout, mais pas n'importe comment. François Cau


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