Le garçon de la plage


Critique / Tout commence dans du velours, dans du pur son Gonzo tel qu'on a appris à l'aimer. Dès l'intro de Working together, avec sa boucle rythmique immédiatement addictive, ses claps claps et ses touches de piano rococos à souhait, son phrasé vindicatif, on part dans une extase récompensant à elle seule l'attente quasi insupportable de ce nouvel opus. Puis Slow Down nous cueille complètement : on verse dans un kitsch total et assumé, où le père Gonzales part dans des élancées vocales faisant ardemment du pied aux ballades mélancoliques des frères Gibb, saxophone outrageusement lascif à l'appui.
On est perdu, mais on se reprend avec un bel interlude cabaret exécuté au piano, délicatement accompagné d'une poignée de “la-la-la”. Unrequited love monte crescendo dans l'émotion pop, Map of the world fait un rien retomber la pression, le temps d'une ballade où l'interprète semble se surprendre vocalement lui-même avec d'étonnantes intonations à la Lenny Kravitz.
Une belle deuxième digression pianotée précède Apology, magnifique ballade épurée, où Gonzales laisse sa voix faire le gros du travail avant de laisser place à une atmosphère sonore ouatée – probablement la plus convaincante réussite de l'artiste dans le projet qu'il s'était fixé : la mélodie ne prend jamais le pas sur la sensibilité développée par la voix, le second degré reste présent via les paroles sans brouiller l'appréciation du morceau, bien au contraire.
Let's ride replonge dans les paillettes ludiques et le strass jouissif avec son irrésistible ambiance italo-disco, C Major est un simili tour de force alliant piano et fredonnements lyriques, Singing something conclut le tout avec une très discrète touche d'ironie malicieuse. Sans qu'on s'en rende compte, les 36 minutes sont passées en un clin d'œil. FC
Soft Power. Disponible le 7 avril chez Mercury


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