La chair et le son


Musique /On le sait, mais c'est toujours bon de se prendre le rappel en pleine face. On ne juge pas un livre d'après sa couverture, un film d'après son affiche, un album d'après sa pochette. Ainsi, l'artwork du nouveau CD de Liléa Narrative, son nom (Nouvelle Chair) ainsi que celui de ses morceaux nous laissent à penser que nous avons affaire à un énième clone des Têtes Raides ou des Ogres de Barback.
On enfourne l'objet dans le lecteur, résigné, et là, stupéfaction, violence, vengeance. Une ligne mélodique se lance, bientôt flanquée de gros beats hip hop, de samples scratchés, de quelques notes de piano, d'une atmosphère délicieusement glauque. L'enthousiasme ne faiblira pas au fil des pistes.
Nouvelle chair tisse la toile complexe de son abstract hip hop maîtrisé au cordeau, attrape l'auditeur par le collet et le plonge de gré puis de force dans sa production millimétrée.
Liléa Narrative est un lointain cousin artistique de Wax Taylor : un génie de la bidouille, un sampleur cinéphile, un autodidacte sonore total, qui s'est construit un bagage musical en triturant un synthé et un Atari à l'automne de leur vie.
En écoutant en boucle Prefuse 73, Amon Tobin, Buck 65, en matant les films de Cronenberg.
Nouvelle Chair vibre ardemment de toutes ses références, fait office de trip passif / agressif dans une mélancolie abrupte. S'il n'évite pas toujours les redondances de ce parti pris (dans son utilisation dramatique du piano, en particulier), l'album s'écoute d'une traite sans sourciller. Pour tout dire, on brûle même d'envie de voir ce dont le garçon est capable seul sur scène, entouré de ses machines, épaulé par son VJ Mister Joux. Rendez-vous est donc pris à la Bobine, ce vendredi. FCLiléa narrative. Ven 28 mars à 20h30, à la Bobine
Album : “Nouvelle chair“ (Undercover / Naïve)


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