La pépite folk de Nevada City

Musique / Alors que l'hiver prend fin et que la nature commence à colorer les arbres, la venue d'Alela Diane, chanteuse folk originaire de Nevada City – une ancienne ville de chercheurs d'or –, tombe à point pour réchauffer nos oreilles de ses ballades d'un autre temps. Patrice Coeytaux


Vingt-trois. C'est le nombre de printemps que compte Alela Diane, auteur d'un disque remarquable puisé dans les plus profondes racines de l'esprit folk américain. Alors même qu'à son âge bon nombre de musiciens en sont à leurs premiers balbutiements, la jeune femme nous livre un album franc, subtil et modeste, enregistré en un été dans le studio familial. Lorsqu'on découvre The Pirate's gospel, on se laisse littéralement ébahir, à la fois par l'innocence et la maturité de la jeune Alela. Conçus au rythme des veillées estivales, les onze titres de ce premier opus ont le calme et la sérénité des ballades de l'Ouest américain. Elle nous conte des histoires passées, intemporelles, comme si des âmes anciennes s'exprimaient à travers elle ; des images sépia usées par le temps défilent sur fond de maisonnettes bucoliques et de champs à perte de vue. Formant des mélodies simples, la voix et la guitare constituent le principal décor de ces chansons peuplées de fantômes sonores, entre chuchotements, piano et chœurs d'enfants. À l'écoute de titres comme Oh ! My mama ou Can you blame the sky, on serait tenté de comparer l'Américaine à ses consœurs Karen Dalton et Cat Power (pour les harmonies de voix notamment), mais très vite la belle Alela subjugue et berce son auditoire en le faisant pénétrer dans un cocon à l'atmosphère délicate et lumineuse. Les mélodies ouatées diluent les repères, le temps s'efface, et nous voilà transportés dans un univers acoustique à la fois inconnu et familier.Le succès en cheminFille de mélomanes, Alela Diane est bercée depuis sa plus tendre enfance par la musique folk traditionnelle américaine. Tout au long de son adolescence, elle reste en décalage par rapport aux tendances musicales, plus attentive aux chansons qu'écoutent et composent ses parents qu'à celles diffusées en boucle sur les grandes ondes. Les aléas de la vie l'amènent à quitter le berceau familial à l'âge de 19 ans, lui donnant l'occasion d'apprendre la guitare avant de parcourir l'Europe. Voyageuse timorée, elle se réfugie dans les églises et cathédrales de Londres, de Paris et du Sud de la France, pour y retrouver la quiétude dont elle se nourrit. Elle compose alors les titres qui figureront sur The pirate's Gospel, qu'elle ne pensait pas destiné à un tel succès. Après la sortie d'un maxi vinyle en 2007, Alela Diane s'attelle aujourd'hui à la composition d'un nouvel album et distille son folk mélancolique aux quatre coins du monde, ravissant le public par sa sincérité et sa candeur naturelles.Alela DianeLun 7 avril à 20h30, au Ciel (COMPLET)The pirate's gospel, Fargo (2007)


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