Des fantômes dans la machine

Événement / 3e édition pour le festival ElectroChoc aux Abattoirs de Bourgoin-Jallieu, qui, cette année encore, propose une prolifique et souvent judicieuse programmation mêlant l'électro au rock, au hip-hop, et aux musiques ethniques. Damien Grimbert


C'est un parti pris assez audacieux que celui choisi par les programmateurs d'ElectroChoc : créer un festival électronique orienté autour de la création underground, de la performance scénique, et de la fusion des styles, là où tant d'autres fonceraient tête baissée vers l'électro pure, le clubbing et les sons dancefloors. Mais ce qui permet au festival de remporter ce pari, et ce malgré une fréquentation encore assez modeste (1850 visiteurs l'an passé), c'est sa programmation « presque » irréprochable, qui mêle artistes locaux et internationaux, électronique et acoustique, jeunes espoirs et légendes de l'underground, sans sombrer dans le consensus mou pour autant. Alors certes, les plus bilieux pourront ergoter que le volet arts numériques est encore largement perfectible, que certains artistes ont déjà pas mal tourné dans la région, où encore râler sur les quelques mineures fautes de goûts émaillant la programmation. On préférera opter pour un enthousiasme pur et simple, parce que réunir une telle pléiade d'artistes talentueux et singuliers en Isère à l'heure actuelle, c'est tout simplement inespéré.Le grand métissage.Aux côtés des géniaux sorciers anglais de l'infrabasse sous stéroïde, The Bug et Scorn, sur lesquels on zoome sans complexe un peu plus bas, le principal temps fort de cette édition sera constitué par la venue d'artistes radicalement inclassables comme Transglobal Underground, Filastine ou DJ/Rupture. Passionnés par le monde actuel dans toute sa diversité, ces globe-trotters fauchés convient au sein de leur électro hybride des fragments de musiques puisés aux 4 coins de la planète pour mieux recréer la bande-son, urbaine et chaotique d'un 21e siècle globalisé. Hip-hop, dub, dancehall, électronica, musiques orientales, breakcore… Les styles s'entremêlent et s‘enrichissent mutuellement, sans jamais cannibaliser pour autant la personnalité des artistes en jeu. Un chouïa rétro pour Transglobal Underground, pionniers du genre qui font leurs débuts dans le Londres cosmopolite du tout début des années 90, érudit et bruyant pour DJ/Rupture, qui révolutionne le genre avec ses mixtapes avant-gardistes à l'orée des années 2000, et fortement teinté d'Orient pour Filastine, nouvel espoir d'un mouvement qui refuse de dire son nom. À ne pas manquer non plus, l'électro hip-hop explosif des Sud-Africains de Playdoe, Sibot & Spoek (sur lesquels on reviendra dans quelques semaines), la légende cold-wave new-yorkaise Ike Yard, le hip-hop californien underground de DJ Vajra, ou encore l'électro-folk élégante de The John Venture. Bref, de quoi séduire un large panel de curiosités, fans de dub et de drum'n'bass inclus (Dub Trio, Lab°, JMajik et Elisa do Brasil sont également au programme).Festival ElectroChoc Jusqu'au 19 avril, aux Abattoirs de Bourgoin-Jallieu


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