Lève-toi et danse


Danse / Curieux bonhomme que Pierre Rigal. En fouinant dans son parcours, on ne fait que s'embrouiller : un DEA en économie mathématique, un autre en audiovisuel obtenu grâce à un mémoire sur La Jetée de Chris Marker, des distinctions en athlétisme, en photographie, des postes de chroniqueurs dans les médias et, surtout, une expérience accrue dans le spectacle vivant.Loin de se disperser pour autant, Pierre Rigal condense cette hyperactivité pour se consacrer pleinement à son expression scénique. Sa rencontre avec le talentueux Aurélien Bory de la Compagnie 111 (dont on a pu savourer dans l'agglo Plan B, Plus ou moins l'infini et dernièrement Les sept planches de la ruse) donne naissance à un projet dont l'ambition – résumer toutes les étapes de la vie humaine, rien que ça – sera intelligemment contrebalancée par les sautes d'humeur permanentes des effets de lumière, du propos, d'un humour salvateur dans ce vaste champ des possibles théorique.
Les premiers instants d'Erection définissent les enjeux de la pièce : allongé dans un carré de lumière mouvant, le danseur s'ébroue pour épouser puis s'échapper de ces limites imposées. La bande-son saturée accentue le trouble ressenti face à ces manifestations de fragilité. Lorsque l'interprète parvient à se hisser sur ces deux jambes, le jeu ne s'arrête pas, mais au contraire se complexifie. La zone d'action n'a de cesse de faire fluctuer les mouvements du danseur, lequel trouvera un (court) moment d'apaisement ludique sur une boucle de guitare, avant de se faire avaler par des effets stroboscopiques et des sons stridents.
Une fois le calme revenu, c'est un homme presque nu qui nous apparaît, dont le soudain statisme perturbe, interroge, avant de se révéler par des effets dûment maîtrisés. On sort de ce voyage empli d'émotions, achevé par la seule force d'évocation d'un fondu au noir.FC


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Un doux parfum d’apocalypse