Pièces inachevées


Exposition / C'est le titre que pourrait porter l'exposition La Parabole de Jan Kopp, actuellement visible au Centre d'Art Bastille. Le travail de cet artiste né à Francfort en 1970 est aéré, modeste et troublant. Devant le panorama de ses sculptures, on ressent immédiatement un fourmillement de matière grise, une bousculade d'impressions versatiles. Chaque installation est volontairement ébauchée, laissant le visiteur et son imagination libres d'achever le travail commencé. Les espaces inoccupés, nombreux à l'intérieur même des oeuvres, sont aussi importants que les pleins : ils nourrissent l'observateur de leur vide. Jan Kopp instaure naturellement une relation fertile entre lui et son public. Non content de cela, l'artiste parisien s'improvise metteur en scène dans Im Treibhaus, un montage vidéo réalisé lors d'un séjour en Jordanie. De sa fenêtre d'hôtel, témoin de rixes quotidiennes entre quelques hommes devant un étal de vendeur de pain, il découvrira rapidement que ce rituel n'est en réalité qu'un jeu. Il en fera alors lui-même son jeu, son théâtre de marionnettes, une danse populaire sur fond musical mélancolique (le célèbre Tristan et Iseulde de Wagner). De la même manière, Et ceci n'est que le début est une installation en forme de demi coque ovale, évocation d'un œil extérieur sur un monde, un pays, une ville. Au centre sont organisées de simples structures géométriques en miroirs, composants brillants qui évoquent les beaux quartiers des centres-villes, entourés d'autres édifices faits de matériaux plus pauvres, figuration terne des banlieues plus défavorisées. La disposition des lumières inspire un laboratoire d'étude, une invitation à entrer dans l'œuvre, à participer à son amélioration. Le travail de Jan Kopp est une gigantesque maquette dont la finalité est d'évoluer à jamais.Patrice CoeytauxJan Kopp, La ParaboleJusqu'au 27 avril, au Centre d'Art Bastille


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