Façonner les alpages

Exposition / La nouvelle exposition réalisée par le musée Dauphinois, Premiers berges des Alpes de la préhistoire à l'Antiquité basé sur des résultats récents de recherches archéologiques, permet, via une mise en espace pertinente, la compréhension des grandes étapes de l'histoire des bergers soit une histoire de l'homme face à son environnement. Séverine Delrieu


D'emblée, le visiteur pénètre dans des espaces occupés par des pentes, prairies piquées de troupeaux. Une bande-son composée de bêlements, bruits de vent, cris d'animaux se diffuse au gré des salles permettant une immersion troublante sur les traces du berger à travers le temps. En préambule, on nous rappelle qu'à l'origine, l'homme se suffisait d'être un chasseur – cueilleur nomade. C'est la période dite « mésolithique ». Au fond, l'homme vivait-là une période harmonieuse avec son environnement, nullement animé du désir ou de la nécessité de dominer les animaux. D'après les scientifiques « rien, ni les conditions climatiques, ni la nature ne justifiait le bouleversement des mentalités » qui va suivre.
A savoir, « la révolution néolithique ». L'homme devient alors éleveur, producteur ; il domestique les animaux, d'abord le chien puis le mouton, la chèvre, le porc, le bœuf. Les premières traces de ces communautés remontent quelques 10 000 ans avant notre ère, et sont repérées en Orient. Dans la première salle, divers documents représentent la vie de ces premiers éleveurs, notamment des dessins sur des parois.
Peu après, 6500 ans avant notre ère, ces éleveurs portent leurs savoirs et techniques vers l'Occident et l'Asie Mineure. Une carte située à l'issue de ce premier espace, retrace les chemins empruntés par ces hommes. Progressivement l'agriculture et l'élevage se répandent le long des côtes méditerranéennes. Ainsi, quatre millénaires séparent les bergers orientaux des premiers bergers alpins.Et l'homme crée son monde
Ce deuxième espace présente les évolutions des us et coutumes, habitus, du berger alpin, du Néolithique à l'époque gallo-romaine -où comment l'homme façonne la montagne, utilise l'animal pour se vêtir, se nourrir, pour l'artisanat... Objets, os, cartes, photographies, schémas d'habitats, films en images de synthèses, permettent de riches connaissances sur la vie dans nos montagnes. De nomade, le berger passe à la sédentarisation ; les grottes sont utilisées en guise de bergerie (une reconstitution d'une bergerie néolithique est a visiter sur les fouilles de La Grande Rivoire à Sassenage) ; les hommes instaurent les incendies volontaires dans les montagnes pour « ouvrir le milieu » au bétail (ce qui fit disparaître plusieurs essences naturelles)…
3000 ans avant J.C, les peuples des montagnes construisent des cabanes contre l'ours et le loup. Les moutons à laine apparaissent : conséquence d'une sélection humaine drastique ; la reproduction contrôlée est aussi fortement pratiquée. L'homme développe ses activités en maîtrisant vigoureusement son environnement avec des conséquences ambivalentes, et encore d'actualité aujourd'hui, dans les paysages alpins.
Premiers bergers des Alpes, de la préhistoire à l'Antiquité - Jusqu'au 30 juin au Musée Dauphinois.


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