Yeux ouverts

L'association Documentaire(s) sur Grand Ecran fête ses 15 ans d'existence. Occasion pour Gute Nacht, de s'y associer en sélectionnant 6 documentaires rares dans leur catalogue. Les cinématographies sélectionnées permettent des voyages surprenants, des rencontres avec des communautés, des cultures, des problématiques, mais les regards livrés laissent le spectateur libre de ses interprétations. A voir du 13 au 17 mai au 102 et au Méliès Séverine Delrieu


Panorama / Le cinéma documentaire aide à comprendre et à habiter le monde. Il occupe et outrepasse le cadre culturel, touche à la citoyenneté, l'éthique, la politique, l'engagement, couvre un champ immense et passionnant. On constate pourtant qu'il est encore trop peu visible, alors qu'un goût pour ce cinéma se développe et qu'un public de plus en plus nombreux s'y intéresse.Gute Nacht nous permet ainsi de découvrir un peu de ce cinéma documentaire exigeant et divers aux qualités de forme et de contenu. «Les films choisis, résume Cyril de Gute Nacht, ne racontent pas une réalité, mais porte le regard de quelqu'un sur un sujet, un regard partagé avec nous. On ne se retrouve pas dans une situation où l'on croit avoir tout compris ».
En effet, l'association défend des films qui questionnent le cinéma, le monde, mais qui ne se ferme pas sur un seul axe de lecture. A ce titre, Le Bête Lumineuse, un film ovni réalisé par Pierre Perrault en 1983 au Canada au milieu d'un groupe d'hommes chassant un animal mythique appelé l'Original, est un bijou. Contre le documentaire, tout contre
Le réalisateur a passé de longs moments avec les futurs protagonistes avant de les filmer. Ce qui donne un film très construit. On voit des scènes de chasseurs dans toutes leurs horreurs : beuveries, humour salace, blagues lourdes, virilité titillée au contact de l'arme à feu, scènes rocambolesques ; mais le regard se détache de la caricature : au cours des deux heures, ces chasseurs livrent une histoire d'amitié forte, et, bizarrement une poésie s'échappe.
Autre voyage poétique et mystique celui chez les Nenets dans le grand Nord. Les deux réalisateurs imprègnent la pellicule noir et blanc du quotidien de ce peuple (fait de résistance au progrès au risque de disparaître) avec humanité et sensibilité.
Autres traversées fascinantes, celles proposées par la géorgienne Nino Kirtadzé et le film de Rithy Pahn (voir nos encadrés).
Enfin, L'enfant aveugle n°2, réalisé en 1966 par un maître méconnu du documentaire Johan Van der Keuken qui revendique la volonté mise en scène dans le documentaire, sera projeté en clôture et suivi d'une performance de Pascal Battus et Christophe Cardoen, expérience visuelle en échos au film.
Mais l'expérience sensorielle ne s'arrête pas là. «Pour nous le cinéma c'est voir des films à plusieurs, et le vivre autour de discussions», insiste Cyril. Ainsi, on pourra manger et discuter dans le jardin du 102 avant et après chaque projection.Documentaire(s) sur grand écran, 5 jours de cinéma documentaire au 102 et au Méliès du 13 au 17 mai.


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«Des films peu vus, peu distribués»