Teeth

de Mitchell Lichtenstein (ÉU, 1h36) avec Jess Weixler, John Hensley...


Le mauvais esprit se porte bien en Amérique, merci pour lui. Il prolifère d'ailleurs à mesure que le saint-esprit s'abat à coup d'évangélisme illuminé sur la population yankee. Bonne nouvelle illustrée par la sortie de Teeth, un film qui réjouira tous ceux chez qui le coup de batte final de There will be blood n'avait pas eu valeur d'exutoire. On découvre donc Dawn, jeune et jolie ado, qui prêche dans les campus la nécessité de garder sa fleur intacte jusqu'au mariage avec son bien-aimé.
Mais elle ne peut freiner les effrayantes poussées de sève qui l'attirent physiquement vers un pourtant bien falot étudiant BCBG. Lors d'une promenade près d'une cascade, ledit étudiant tente de passer à l'acte… Le teen movie attendu s'éloigne brutalement du rivage nanardeux d'un 40 jours, 40 nuits pour accoster du côté de la provoc ripolinée du John Waters tardif.
Déjà, la maladie de la mère et la déglingue du frangin laissaient entrevoir la vraie visée de Mitchell Lichtenstein : un film pop satirique et sardonique qui attaque par-derrière le puritanisme américain ambiant. Gore, grotesque et rigolo, Teeth est aussi, c'est sa force, subtil et rigoureux. Jamais le cinéaste ne s'abîme dans un discours surplombant, jouant au contraire à l'écran sur une grande ambiguïté qui attise les attentes les plus perverses du spectateur.
L'interprétation de Jess Weixler dans le rôle de Dawn est à ce titre emblématique : aussi à l'aise pour jouer les saintes que les putains, la fille fragile et amoureuse ou la justicière prédatrice, sa prestation rappelle celle d'Anna Faris dans un autre film drôle et déviant de 2008, Smiley Face de Gregg Araki. Tout en contrastes et ruptures de ton, Weixler apporte un mélange d'innocence et de mélancolie qui n'est pas pour rien dans la réussite, mineure mais évidente, de Teeth.
Christophe Chabert


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GAL