Le trou


D'emblée, on est saisi par le travail pictural des images, le langage cinématographique usité dans La terre des âmes errantes de Rithy Panh. Un film sorti en 1999 qui a reçu de nombreux prix. Un film totalement bouleversant, une œuvre aussi touchante que nécessaire. Le réalisateur concentre son attention sur des travailleurs cambodgiens embauchés pour l'installation d'un câble de fibres optiques au Cambodge. Ce câble, en partance de l'Europe, doit relier la Chine et toute l'Asie du Sud Est au réseau internet. Nous sommes en 1989. Rithy Panh s'attache à une famille dont le mari mutilé est un des employés des travaux. Il creuse toute la journée la fameuse tranchée qui doit accueillir le câble. Il pioche aux côtés d'enfants et d'autres hommes totalement démunis. Dans cette région, peu ont l'électricité ; tous luttent pour se nourrir, boire, dormir. Le réalisateur rencontre, laisse s'exprimer, observe, et la mémoire et le passé remontent, les douleurs se disent, dans des cris parfois. Les hommes qui piochent trouvent des obus, vestiges de la dernière guerre. Ils déterrent des os humains aussi quelques fois. Alors, les âmes des morts hantent les nuits des vivants, fautes de sépultures, et harcèlent notamment l'épouse de l'homme mutilé. A travers le regard posé sur ce chantier, le réalisateur parle de la vie extrêmement dure des ces travailleurs, hommes femmes entre rires et larmes, et met en relief l'incroyable et absurde injustice à l'échelle mondiale entres riches et pauvres, tel un monde ayant irrémédiablement basculé vers la folie. Rithy Panh, lui-même survivant du génocide cambodgien commis par les khmers rouges entre 75 et 79, interroge dans ses films l'histoire, la mémoire autant que le présent avec une intelligente retenue.SDLa terre des âmes errantes le 16 mai à 20h30 au 102


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Des vérités qui démangent