Après la catastrophe

Entretien / La jeune auteure Marine Auriol, a entamé un cycle d'écritures, Les Chroniques du mouvement, dont Urbi, est le troisième chapitre. Dans une cité contrôlée par le pouvoir, la délation, la paranoïa règnent en maître. Propos recueillis par SD


Petit Bulletin : Dans Urbi, on a à faire à une société totalement contrôlée par un pouvoir dictatorial, monde décrit via un univers proche de la science-fiction. Le genre vous rendez-il plus libre pour raconter nos sociétés ?
Marine Auriol :Effectivement, la science fiction ou plutôt l'anticipation est un genre qui autorise toutes les hypothèses sur l'avenir de notre monde actuel et sur les routes que nous prenons. Loin d'être une réponse à toutes mes interrogations sur notre société, l'univers du Grand Mouvement me permet de poser mon champ des possibles aux angoisses ou aux doutes qui s'insinuent parfois en moi quand je regarde notre monde.Vouliez-vous aussi montrer que les médias font partis de l'appareil du pouvoir et permettent la manipulation ?
L'information est pour moi le plus grand des pouvoirs car elle permet de placer chaque évènement dans un contexte plus large que sa petite personne. Voir le monde par d'autres regards que le sien est essentiel à mon avis au développement du sens critique. Les médias comme toute source d'information doivent pouvoir être mis en doute, questionnés, comparés. Si le 4ème pouvoir se subordonne au 1er, il n'y aura plus qu'une seule voix, qu'un seul regard et certainement plus de remise en question.. Quel est le projet global des Chroniques du Grand Mouvement ?
Il s'agit d'une saga théâtrale, en douze épisodes dans un monde post-catastrophe où les hommes se sont séparés en deux camps qui s'affrontent, persuadés que leur survie ne dépend que de l'élimination totale des autres. Pourquoi une saga ?
Parce que cela me permet de faire revenir mes personnages à différents stades de leur vie, avec peut-être des choix contradictoires entre l'enfant qu'ils étaient et l'adulte qu'ils deviennent. J'ai envie de les voir grandir, vieillir, aimer, détester, changer de camp, d'avis, d'amis, changer tout court, remettre en question, se rebeller... J'ai l'habitude de dire qu'avec les Chroniques, j'ai planifié 10 ans de ma vie en terme d'écriture. Me voilà à la moitié puisque 3 autres chapitres sont écrits (deux seront publiés en 2009) et déjà les questionnements de Zig et More ne résonnent plus en moi de la même manière. Finalement, je crois que je grandis, vieillis, aime, déteste, change de camp, d'avis, d'amis, change tout court, remet en question, me rebelle autant que tous ces personnages !Lecture de Urbi mer 28 mai à 20h, au Théâtre 145, suivi du Café des auteurs avec Marine Auriol et Samuel Gallet.Les Chroniques du Grand Mouvement, sont publiées aux éditions Théâtrales


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