Face aux murs

Panorama / Le Festival Regards Croisés, rendez-vous fort et exigeant consacré aux écritures théâtrales contemporaines, construit sa 8ème édition autour de huit textes puissants écrits par des auteurs d'origines et de cultures diverses et évoquant la notion d'enfermement. Ces regards posés sur l'état du monde, engagent le public et les auteurs dans un riche et vivant échange. Séverine Delrieu


Le travail mené par le collectif artistique Troisième Bureau, association basée au Petit angle, effectuant des lectures à la Frise au cours de l'année, porteuse du Festival Regards Croisés, connaît une reconnaissance accrue et méritée. Visibilité et reconnaissance tant au niveau du public, que des collectivités locales (qui ont renforcé leurs soutiens financiers). Rayonnement au niveau national, voire international à travers divers partenariats dont notamment celui avec le Festival Temps de paroles à Valence, la Maison Antoine-Vitez… La manifestation phare se développe. En plus des coutumières et stimulantes lectures de textes par, entre autres les comédiens du collectif, suivies de rencontres avec les auteurs, chercheurs, metteur en scène, traducteurs, comédiens, du Prix des lycées décerné par le lycée André Argouges, de le Gazette du Festival réalisée par les étudiants des Arts du spectacle, le Festival s'enrichit de débats, dont L'Imaginaire des frontières, de rencontres à la bibliothèque du Centre Ville, Ecritures Vagabondes et Ecrire et mettre en scène au Japon, de lectures des textes de détenus réalisés lors d'un atelier d'écriture mené par l'auteur Samuel Gallet en lien avec la thématique de cette année, les murs. Le meilleur des mondes
« Rasons les murs », écrit le collectif artistique, telle une invitation à réfléchir sur ces barrières de « sécurité », de « protection », ces murs proliférant sur la planète, erreurs cycliques.
Plus largement, les écrits choisis par le comité de lecture, évoquent des notions d'enfermement, de solitude, d'intolérance et de rejet dû, entre autres, au racisme - ce qui crée une continuité avec la thématique de l'année passée, exil ou identité. Une édition 2008 marquée par la qualité littéraire et l'intérêt de tous les textes. Les auteurs Mohamed Kacimi, Jean-Yves Picq, Pauline Sales, Elie Karam, Marine Auriol, Yôji Sakate, Jalila Baccar et Juan Mayorga dévoilent dans leurs pièces (sur les huit, cinq sont d'ailleurs inédites) des univers concentrationnaires, imaginaires ou non, des situations d'enfermements familiaux, politiques, moraux, via des formes littéraires, des tons, des styles très différents. Les situations s'ancrent dans des sociétés de multiples régions du monde, confrontées, chacune à des problèmes politiques. Avec au centre du destin collectif, le destin individuel, l'humain. Notons, enfin, une récurrence dans bon nombre de textes, celle de la désinformation, de la représentation, de la mise en scène, soit un éclairage sur les manipulations du pouvoir, des médias, ou de la famille.Festival Regards Croisés « Rasons les murs » du 26 au 31 mai au Théâtre 145


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