Combattant éclairé


Portrait / Rendez-vous avec Jo Briant dans un café place St Bruno. Le barman l'accueille à bras ouverts. « Je suis porte parole des sans papiers, je connais beaucoup de monde à St Bruno. » Le militant d'une vie, embrasse, a embrassé nombre de combats.
Jusqu'en 96, en plus du militantisme, Jo s'activait comme prof de philo en lycée. A Villard de Lans, en mai 68, il exerce dans le lycée climatique. Il a 32 ans. A cette période, déjà énergiquement investi dans les luttes contre le racisme, le colonialisme, l'école traditionnelle et autoritaire, il pousse ses élèves à réfléchir, à s'insurger. Ce qui crée un beau mouvement dans le lycée en question.
Aujourd'hui, il dénonce la dénégation que fait le Président de mai 68. «Ce fut un moment d'idées, d'imagination, de progrès social extraordinaire et de remises en questions profondes. Un mouvement de libération». Loin de commémorer mai 68 pour l'enterrer, l'altermondialiste y voit une occasion de faire un bilan. « Je suis profondément révolté par la régression que l'on vit au niveau des acquis sociaux, de la mise en place du contrôle des enfants, le fichage, la surveillance, le retour à l'autorité. » Contre toute attente, Jo Briant est issu d'une famille angevine très à droite. « Après la guerre mon père avait encore le portrait de Pétain accroché au mur. En arrivant à Grenoble à 22 ans, j'ai viré ma cuti ». Soutien aux Algériens, engagement pour une autre école, fondateur du Centre Inter peuples, du comité d'accueil de 300 réfugiés politiques chiliens, du comité français d'immigrés, porte-parole des sans papiers…Des luttes relatées dans Mes luttes, nos luttes pour une autre monde, (la pensée sauvage, éditions), qu'il rédige en 7 mois.
De même que mai 68 fut un moment important de remise en question, Jo Briant insiste sur un état du monde « à un carrefour tragique. » « Si l'on continue ainsi, on va vers la catastrophe écologique, humaine. Il faut faire bouger cette société. »SD


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Quelle nouvelle société ?