Musique agglomérée

Le 21 juin, telle un gros siphon de baignoire, Grenoble aspirera les banlieusards. Dilemme des villes des alentours : faire ou ne pas faire la fête de la musique ? Bernard de Vienne


Certaines communes ne cherchent même pas à rivaliser, comme Seyssins qui laisse les assos locales organiser ce qu'elles veulent mais ne fait rien de particulier. Avec moins de 7000 habitants, difficile de se faire une place. D'habitude, Saint-Martin d'Hères suit la même pente, en se contentant de faciliter les choses aux groupes qui font des demandes de salles ou veulent jouer dans la rue. Cette année pourtant, la fête de la musique coïncide avec l'inauguration du parc Jo Blanchon : la commune de 36000 habitants se paye donc un événement d'ampleur. «Guillaume Paul du collectif Yaka a travaillé à un projet culturel, associatif et festif, annonce la directrice des affaires culturelles Hélène Milliex. Artiste polyvalent, en résidence à l'Heure Bleue avec la compagnie Vox international théâtre, Guillaume Paul a conçu une déambulation dans la section du parc qui rouvre au public. La ville y consacre un budget conséquent mais ne souhaite pas le communiquer : «il ne s'agit pas d'un budget spécifique à la fête de la musique», souligne Hélène Milliex. D'ailleurs, il n'y aura pas que de la musique mais plusieurs temps proposés au public, même si un concert vient clôturer la soirée. Des groupes joueront dans la rue ailleurs dans la ville. Se croyant sans doute à l'abri de l'autre côté du Drac, le service culturel de Fontaine (23000 habitants quand même) annonce quelques projets de concerts dans la journée notamment à l'Amapa, foyer de handicapés, dans les maisons de retraite, une déambulation... Des initiatives coordonnées par la mairie en partenariat avec les associations. La mairie finance tous les ans une grosse scène sur la place du marché Marcel Cachan. L'an dernier les Barbarins Fourchus s'y sont produits, cette année un groupe local de folklore irlandais aura la vedette. Aspirations grenobloises
Sans complexes malgré sa petite taille (6500 habitants), la Tronche a posé un châpiteau dans le parc Brise des Neiges. Après les écoles et l'association musicale de la Tronche, ce sont des groupes venus d'outre-Isère qui investiront la scène. «D'habitude les groupes locaux sont favorisés, rappelle Caroline Meurs, en charge de l'organisation, mais cette année, nous avons fait appel à Dynamusic pour la programmation». L'association grenobloise de soutien à la scène locale, a programmé trois groupes : Bella Paris (musiques de l'est), Mots Paumés (slam, Grenoble) et AD (rock, Grenoble) Le programme n'est pas encore bouclé à Pont-de-Claix (12000 habitants) à l'heure où nous mettons sous presse, ce qui laisse supposer que la fête de la musique n'y sera pas l'événement de l'année. Non loin de là en revanche, Echirolles mise gros sur le 21 juin qui sonnera la fin du festival Plein les oreilles.
Avec 35000 habitants, la commune n'a pas voulu laisser la vedette à Grenoble. «L'effet aspiration est très fort sur Grenoble mais depuis plusieurs années on réussit notre coup avec une programmation mélangeant danse et musique», nous dit Marie Laurenzin de Dcap, le service culturel de la ville. «C'est la 7e édition de Plein les oreilles, qui est plus large que la seule fête de la musique. On travaille à l'accompagnement artistique des jeunes sur Echirolles, et le festival est une scène outil, où se rencontrent des groupes amateurs et pro». Hors scène, des installations d'Alain de Filipis invitent à se frotter à la musique concrète, du mardi 17 au 21 juin à la Rampe : «24 machines délirantes, que les personnes peuvent manipuler, y seront installées» annonce Marie Laurenzin. «Le festival est basé essentiellement à la Rampe, mais nous avons à cœur que ce soit irrigué dans la commune». L'expérience ayant montré la difficulté à faire se déplacer le public, ce sont les événements du festival qui sont décentralisés : le groupe Bit torrent mixera à la piscine le mercredi 18 juin, et dans les quartiers ouest, le chorégraphe Bouba reprendra son spectacle Malandragem, créé à la Rampe, dans une mise en scène de danse de rue. Le spectacle sera également joué à la Rampe.


<< article précédent
Mr. Tambourine Man