Dandynamique

Têtes d'affiche de Musiques en stock, The Dandy Warhols ramènent leurs têtes à claques pour faire atterrir leur prochain album, “… Earth to Dandy Warhols” au cœur de la Haute-Savoie. Stéphane Duchêne


Le psychanalyste Jacques Lacan n'y aurait sans doute rien trouvé à redire : comme leurs frères ennemis de Brian Jonestown Massacre, les Dandy Warhols n'ont pas choisi par hasard de détourner un grand nom de la pop culture pour baptiser leur formation. À l'inverse de leurs concurrents, ils n'ont pas choisi une figure déchue du rock comme emblème, mais plutôt le symbole de la décadence distinguée avec le roi du pop art, symbole de l'art vendu au marché et du marché rendu à l'art. Tout s'est alors passé comme si le parcours des deux groupes avait été conditionné par leur patronyme. Comme le montre le documentaire Dig !, qui suit leurs destins croisés, celui de BJM n'aura été qu'une longue descente aux enfers noyée dans l'excès quand celui des Dandy aura su attraper le succès à la volée, en accepter les compromissions et les arrondissages d'angles. Certains diront que les Dandy, ces “vendus”, n'ont pas la moitié du talent d'Anton Newcombe, leader de BJM. C'est peut-être vrai, mais ça ne signifie en rien qu'ils n'en ont pas. Qui plus est, ils ont le mérite d'avoir su en faire quelque chose. Décadanse
Dès The Dandy Warhols… come down, qui les révéla en Europe en 97, le groupe de Portland s'est montré particulièrement peu manchot pour pondre des tubes prémonitoirement taillés pour les stades. Comme ce Not if You Were the Last Junkie on Earth que Brian Jonestown Massacre parodia en Not if You Were the Last Dandy on Earth, ce qui donne l'une des scènes les plus drôles de Dig !. Les stades, ils y atterriront quelques albums plus tard, avec Thirteen Tales from Urban Bohemia et Welcome to The Monkey House. Mélange de morgue tête à claques et de distinction artificielle, les Dandy sont des Beau Brummel à la petite semaine. Mais des businessmen accomplis, derrière ce sac à gifles de Courtney Taylor, qui réussirait à faire passer le morveux Liam Gallagher pour un autiste et son frère Noël pour un marchand de tapis. Pas un hasard, si Bowie, archétype du rocker-banquier dénicheur de hype, les adouba vite. Certes, le dernier album … Earth to Dandy Warhols, sur lequel les Dandys tentent l'aventure spatiale de carton-pâte et actionnent la pompe à hélium, est peut-être un peu en dedans. Il faut dire que les Dandys n'ont rien trouvé de mieux que d'y inviter les cacochymes Mark Knopfler et Tom Petty. Mais on y trouve encore quelques pépites dont ils ont le secret comme Love Song, ligne supplémentaire à ajouter à leur stock de musiques faciles et décadentes propres à ébranler les foules.the Dandy WarholsSam 5 juillet, à Musiques en Stock


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