Sorciers du son

En activité depuis plus d'une vingtaine d'années, le duo électro londonien Coldcut, fondateur du légendaire label Ninja Tune, n'a cessé d'expérimenter avec ludisme les nouvelles technologies à sa disposition. Damien Grimbert


Fondé en 1986 par Jonathan More, ex-professeur d'art et Matt Black, programmeur informatique, Coldcut fait ses débuts dans le deejaying londonien en pleine euphorie acid-house. Influencés par le hip-hop, les expérimentations du jazz, et les sonorités rare groove, les deux compères s'investissent rapidement dans la production et le remix. Dans les années qui suivent, ils rencontrent un succès rapide en livrant pour le duo de rappeurs new-yorkais Eric B & Rakim un remix d'anthologie de leur tube Paid in full, construit sur un sample vocal orientalisant de la chanteuse israélienne Ofra Haza. Le titre squatte le sommet des charts, suivi d'autres productions du duo, plus orientées dance music, comme le Doctorin' The House de Yazz ou le People Hold On de Lisa Stanfield. Dès 1987, ils rejoignent également la célèbre radio londonienne Kiss FM, sur laquelle ils tiennent une émission mondialement célébrée pour son éclectisme musical, le Solid Steel Show, qui tourne encore à l'heure actuelle.Influences ninjas
Mais comme beaucoup d'artistes rentrés très tôt dans le circuit commercial, Coldcut aspire à plus d'expérimentations et plus d'indépendance. En 1991, lors d'un voyage au Japon, le duo a une révélation en découvrant les pratiques mystérieuses des guerriers ninjas, notamment leurs surprenantes maisons remplies de trappes et de passage secrets, leur permettant de disparaître et de réapparaître ailleurs en quelques instants. À leur retour, ils décident de créer leurs propres labels, Ntone et Ninja Tune. Dédié aux fusions entre électro, jazz, et hip-hop, ce dernier s'imposera comme référence ultime du genre pendant plus d'une décennie, en signant des artistes comme Amon Tobin, The Herbaliser, Kid Koala, ou Roots Manuva. Au milieu des années 90, revigoré, Coldcut signe plusieurs albums (Philosophy, Let us play…) et un mix-CD remarqué, 70 minutes of Madness. Et s'attelle rapidement à un nouveau chantier : après plus d'une décennie à découper les sons et à les réordonner à leur guise, pourquoi ne pas faire de même avec les images animées ? Joignant le geste à la parole, ils créent un logiciel spécialement dédié au veejaying, Vjamm, qui va révolutionner la discipline dans les années suivantes... Débordant d'activités, le duo trouve cependant le temps d'accoucher d'un nouvel album en 2006, Sound Mirrors, porté par un excellent single aux sonorités Bollywood, True Skool sur lequel on retrouve Roots Manuva. 20 ans après le remix de Paid in full, la boucle est bouclée.Coldcut,
le 26 juillet à 21h, sous chapiteau


<< article précédent
Les cabarettistes