Par suite d'un arrêt de travail

de Frédéric Andréi (Fr, 1h25) avec Charles Berling, Patrick Timsit…


Marc, cadre sup' d'une boîte de transport, doit signer un deal décisif à Rome en pleine grève ferroviaire. Il improvise un co-voiturage de fortune avec le premier venu, Vincent, mystérieux séducteur gauchiste sympathisant de la cause gréviste… Sur le papier, la visée de cette seconde réalisation du comédien Frédéric Andréi (plus de 20 ans après son précédent Paris Minuit) est théoriquement stimulante : montrer comment un mouvement social peut rassembler deux sensibilités idéologiques que tout oppose, et même les fédérer dans l'adversité. À l'écran, ne restent malheureusement que des intentions, tant le fond et la forme se liguent de concert pour nous offrir un fourre-tout initiatique pas forcément honteux, mais trop maladroit pour être totalement honnête. Passons sur les caractérisations des personnages, souvent lapidaires pour mieux servir le propos (les mecs de droite sont quand même obsédés par leur confort matériel, les types de gauche ne pensent quand même qu'à jouir sans entraves), pour se focaliser sur le script, enchaînement de péripéties improbables réglées à coups d'ellipses, et de greffons bancals d'arrière-fond politico-social tous azimuts. Dans ce route-film, tout le monde a en effet décidé de faire grève, des routiers aux infirmières en passant par les services publics, sans oublier les opposants à la réintroduction d'ours en milieu naturel, quand nos héros font un détour en montagne ! Quand Andréi se frotte directement à ce contexte, il nage en plein marasme politique confus (voir la scène expédiée de confrontation avec les camionneurs), mais quand il s'attache enfin à sa paire de héros mal assortis, l'humanité et l'empathie tant recherchées se font enfin jour. François Cau


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