�La base est l�

publi� dans Cin�ma par Fran�ois Cau le Lundi 7 juillet 2008

�v�nement / � l'occasion de la 31e �dition du Festival du Court M�trage en Plein Air de Grenoble, petite conversation autour d'un drink en compagnie de Michel Warren et Jean Dorel de la Cin�math�que. Propos recueillis par Fran�ois Cau

Petit Bulletin : Pour aller dans les grandes lignes, l'ann�e �coul�e a �t� a priori positive pour le cin�ma fran�ais, avec les Oscars, la Palme d'Or et le box-office national au beau fixe. Mais on a �galement eu les interrogations l�gitimes du Club des 13, et la menace du retour d'une censure purement id�ologique sur le cin�ma de genre. Es-tu optimiste sur l'avenir de la cr�ation cin�matographique fran�aise ?
Michel Warren : Pour moi, �a fait au moins cinq ans que la qualit� du cin�ma fran�ais s'am�liore. Bon, je dis �a une fois, deux fois, on me croit encore, apr�s on commence � dire que je suis fou, que je fais ma pub, mais je te promets que c'est vraiment ce que je pense. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, l�, je te parle des films de la s�lection du festival, qui sont, du moins c'est comme �a que je l'interpr�te, la base du cin�ma de demain. Cette base de cr�ativit�, les initiatives des producteurs me font penser que s'il n'y a pas d'emp�chements comme ceux que tu viens de citer, il y a tout ce qu'il faut. Au niveau technique, des d�corateurs, des monteurs, des acteurs, de l'�clairage, tout est l�. Il y a dans certains films de la s�lection des plans o� tu te dis �mais c'est g�nial, �a n'a jamais �t� fait�. Globalement, j'ai �t� surpris par les films propos�s. J'en connais un ou deux que tu vas d�tester, et j'en connais probablement trois ou quatre que tu vas beaucoup aimer.Ce qui m'a surtout g�n� dans la s�lection de l'an dernier, c'est de voir qu'effectivement, on avait les moyens techniques, mais que �a s'arr�tait souvent l�. On s'empare d'un sujet sans le traiter totalement.
Quand on se r�unit pour le comit� de s�lection, particuli�rement cette ann�e, on a toujours l'un d'entre nous pour dire au bout de quelques minutes �Ah, �a c'est produit par France 2, ou par France 3, Canal + ou Arte�. C'est clair qu'il y a un prototypage, en particulier venant des cha�nes de t�l� mais aussi des producteurs, faut non plus tout mettre sur le dos des cha�nes. On a un formatage, o� il faut que les choses soient comme �a, comme �a, comme �a. Et �a casse la cr�ation.Il y a un travers qui revient souvent, c'est une forme d'autocensure artistique. Je reste sur mon point de vue qui est que si tu fais un film, c'est que tu as quelque chose de fort � dire, du moins � exprimer de fa�on originale.
�a d�coule de ce que je viens de dire. Mais ce sont des jeunes, ils ne peuvent pas tous faire des chefs-d'�uvre du premier coup. M�me pas mort, le Grand Prix de l'ann�e derni�re, par exemple, il est assez st�r�otyp�, il est con�u dans le sens du poil. J'assume, puisqu'on l'a s�lectionn�, mais je ne lui aurais pas remis cette r�compense. Mais je suis d'accord avec toi, il y en a plein qui n'ont rien � dire, je le sais. Mais ceci dit, tous les ans, on retrouve des th�matiques r�currentes, avec cette ann�e un nombre important de films tournant autour de ce que j'appellerais la surconsommation. Quelques films traitent vraiment ce sujet, on a des cr�ateurs qui ont des choses � dire. Ils le disent peut-�tre maladroitement parce que c'est un premier film, ou qu'ils n'ont que 20 minutes, mais � mon avis, encore une fois, il y a toute la base pour sauver le cin�ma fran�ais. Apr�s, il reste tous ces barrages : les t�l�s, les producteurs, l'autocensure�
Jean Dorel : Et l'influence des r�gions, de plus en plus.
Michel Warren : Oui, �a devient catastrophique, �a devrait �tre interdit, �a.
Jean Dorel : Les films de la s�lection sont pratiquement tous produits par des r�gions. Si tu films dans la r�gion Poitou-Charentes, par exemple�� Il faut un plan de S�gol�ne Royal.
Jean Dorel : C'est un peu �a. Un des meilleurs films qu'on passe cette ann�e est produit par la r�gion Poitou-Charentes, il a r�ussi � ne montrer que quelques plans de la ville, il s'en fout, mais il y en d'autres�
Michel Warren : Le probl�me n'est pas vraiment li� au cin�ma, mais est d'ordre plus g�n�ral. C'est l'un des c�t�s pervers de la d�centralisation. Ce n'est pas tant la question des comp�tences des gens en r�gion, c'est que le syst�me en place favorise la m�diocrit�.
Jean Dorel : Beaucoup de producteurs mettent des billes en sachant d�j� que �a pourrait �tre produit par une r�gion, donc ils se tournent surtout vers des �uvres � faible impact, qui survolent les sujets pour ne pas poser trop de soucis. Les sections parall�les du festival sont ax�es vers l'exaltation du fantasme d'un cin�ma fran�ais cin�matographiquement innovant, de bouleversements esth�tiques dans l'animation, le docu, la fiction ou m�me l'�rotisme qui ne se pratiquent plus trop aujourd'hui�
Michel Warren : Mais c'est pour �a qu'on les montre ! Et c'est pour �a que je continue � dire que le festival de Grenoble est important, pour ces confrontations, par le fait qu'on booste les gens, qu'on projette leurs films en plein air devant 1000 personnes� Pour moi c'est indispensable. 31e Festival du Court M�trage en Plein Air de Grenoble
Jusqu'au 12 juillet,
� la Salle Juliet Berto et Place Saint Andr�

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