La maison ne fait plus crédit

Jean-Yves Cendrey Edition de l'Olivier, 2008


La maison ne fait plus crédit, dernière partie de l'originale autobiographie de Jean-Yves Cendrey, après Les jouets vivants et Les jouissances du remords, se dévore : écriture du dire, de la rage et de la vérité, l'écrivain, avec une énergie implacable, un rythme soutenu, des dialogues savoureux, nous plonge dans la médiocrité, la mesquinerie d'une famille de province, la sienne. Tour de force, pour la raconter, l'écrivain élit comme narrateur l'amant de sa mère, avec toutes les ambiguités intéressantes que cela comporte. Ce narrateur, ancien bellâtre, français moyen médiocre, raciste, colombophile, rencontre la “Manman” (la mère de l'auteur), femme cupide, radine, négligente et méchante avec son fils (“Le fils salaud” comme le nomme le narrateur). Lâche sur tous les fronts, elle se traîne un mari violent et malade. De son côté, le narrateur s'aliène à une femme éternellement mourrante flanquée de sa garde-malade, l'horrible Catherine Deneuve (un homonyme). Jean-Yves Cendrey s'amuse : de l'intérieur, il donne voix à un personnage peu ragoutant, homme de droite, célébrant d'Estaing, hurlant contre Mitterand, et surtout heureux avec la Manman de célébrer la victoire de “Nicolas”.Tout le long, des scènes truculentes s'enchaînent, même si le rire est jaune et le tragique toujours frémissant, notamment la paranoia du “fils gentil”...
SD


<< article précédent
Faux semblants