Tensions post-millénaires


Outsider / Clore la soirée du 27 septembre avec l'univers sonore de From Karaoke to Stardom est un choix particulièrement couillu, si vous me passez l'expression, ce dont je doute. À la suite des sets furibards de Miss Veronika et du sieur Ponsart, puis du live vraisemblablement détonant de monsieur Rebotini, le public de l'ADAEP va se retrouver plongé au cœur de compositions electronica atmosphériques, au charme étouffant, aux boucles minimalistes passablement hypnotiques. From Karaoke to Stardom : derrière ce superbe pseudonyme se cache Jeremy Herpe, disquaire parisien, ancien gratteux dont l'essentiel de l'activité musicale se caractérisait par une avidité certaine à faire sortir les sons les plus absurdes possibles de son instrument à cordes torturées. Jusqu'au jour où sa vie de douce débauche noctambule l'amène devant un Dj set du madrilène Alex Under, adepte du collage électronique tous azimuts. Ni une ni deux, la vocation musicale de Jeremy Herpe se dessine à toute allure : il se paie un ordinateur, triture les sons les plus insolites en tous sens, s'inspire des fers de lance minimalistes du label Warp ou encore du légendaire Plastikman. Son premier maxi, Loopism OpoSsum, sorti sur le label ibérique Apnea, lui assure une reconnaissance immédiate de la scène électronique ; le second, Datura !, en fait un artiste quasi établi. Les compositions de Datura !, procure en effet à l'auditeur un effet similaire à celui de la plante homonyme dans le roman Les bébés de la consigne automatique de Ryu Murakami : après une courte période de calme avant la tempête, on entre dans une euphorie destructrice. Mais de là à ce que le dancefloor de l'ADAEP se transforme en gigantesque carnage sanguinolent, il y a heureusement plusieurs pas.
FC


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