Des toiles dans la nuit

Sortons les bougies, les gâteaux, et autres cotillons d'usage : les Rencontres Internationales de Cinéma de Beaurepaire fêtent cette année leur vingtième édition. François Cau


Début du 21e siècle. Les festivals français de cinéma semblent s'enliser dans le marasme de la pipolisation, de la fatuité, de l'autocélébration là il n'y a pas grand lieu de se réjouir. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. Tous ? Et bien non. Au beau milieu du Pays de Bièvre Valloire, à 45 minutes en voiture de Grenoble la décadente, Beaurepaire, une bourgade de 14000 habitants, résiste vaillamment aux sirènes tentatrices de ces funestes appels du pied, et élabore depuis maintenant deux décennies un festival cinématographique à taille et à visage humains. Bien sûr, on a été plusieurs fois tenté de prendre l'événement de haut, de pester contre la distance, de craindre que les choses ne se terminent comme dans The Wicker Man, mais la réalité du festival efface bien vite ces réticences de wannabe-snob-parisien. Avec les années, on y a même pris nos habitudes, grâce à l'enthousiasme communicatif de l'ensemble de ses résidents, à la promiscuité inhabituelle avec des invités prestigieux “forcés“ de tomber leur masque de froideur, au confort de projection des deux salles du Cinéma L'Oron, à la pluralité réconfortante de sa programmation.Pelloches tous azimuts
Justement, la programmation, parlons-en. Question avant-premières, les beaurepairois et leurs hôtes pourront se délecter dans un premier temps du retour inespéré du réalisateur Didier le Pêcheur sur grand écran avec Home sweet Home, projet a priori dans la veine métaphysico-décalée de son jouissif Des nouvelles du Bon Dieu, que l'insubmersible Daniel Prévost viendra défendre en traitant tout le monde de “ringard“, comme à sa douce habitude. Ils pourront se repaître ensuite du Magique de Philippe Muyl et soumettre l'Assurancetourix de cette édition, Cali, à la question. S'ensuivront les projections des derniers Michel Delgado (Bouquet final, avec Didier Bourdon), Claire Simon (Les bureaux de Dieu), Antoine de Caunes (le très attendu Coluche), Anna Novion (Les grandes personnes), ou encore de l'hôte permanent de la Cinémathèque grenobloise, René Feret (Comme une étoile dans la nuit). On pourra rattraper C'est dur d'être aimé par des cons - et se réjouir au passage de la défection de Philippe Val au profit de Denis Jeambar pour en débattre, apprécier les charmes voluptueux de Javier Bardem et des jeunes filles quelconques composant le casting du dernier Woody Allen, ou encore retrouver son âme d'enfant (perdue depuis des lustres) devant La famille Suricate et Les chimpanzés de l'espace. Et, 20e édition oblige, le Parrain de l'événement, Roger Hanin, sera également de la partie – on ne sait pas encore s'il rejouera des scènes du Grand Pardon pour l'occasion.Rencontres Internationales du Cinéma
Du 9 au 12 oct, au Cinéma l'Oron (Beaurepaire)
www.cinema-beaurepaire.com


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